Le juge reçoit les parties civiles dans l’affaire de l’assassinat au Mali de Ghislaine Dupont et Claude Verlon

Au cours d’une longue audience le 15 juin, le juge antiterroriste chargé de l’enquête sur l'assassinat des journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, au Mali en 2013, a donné aux parties civiles les derniers développements de l’enquête. Il les a assurées de sa résolution à identifier clairement les responsables de l’assassinat.

Le juge Jean-Marc Herbaut a reçu ce 15 juin au pôle antiterroriste du palais de justice de Paris les parties civiles constituées dans le dossier d'enquête sur la mort des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali le 2 novembre 2013. C’était la première audience dans ce dossier depuis sa nomination en octobre 2015. Lors de l’entretien, qui a duré plusieurs heures, le juge Herbaut a fait le point sur l'enquête en cours concernant les circonstances et les responsables de la mort des deux reporters de Radio France Internationale enlevés à Kidal, dans le nord du pays, à la sortie d'une interview avec un des chefs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Amberri Ag Rhissa. Quelques dizaines de minutes plus tard, ils avaient été abattus par leurs ravisseurs dans le désert, après que leur véhicule était tombé en panne. Le chef de la katiba Al Ansar, Abdelkrim le Touareg a par la suite revendiqué leur meurtre. Selon l’armée française, il a depuis été tué au combat.


“Reporters sans frontières se réjouit de l’initiative du juge Herbaut et de sa volonté affirmée de faire progresser l’enquête, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. C’est une affaire complexe dans laquelle persistent plusieurs zones d’ombres mais nous souhaitons que toutes les pistes soient exploitées pour permettre à l’enquête de progresser le plus rapidement possible, et aux suspects toujours en vie d’être rapidement identifiés et localisés.”


Le juge a notamment appris aux parties civiles que des éléments révélés récemment, confirmeraient la thèse de l’enlèvement pour rançon qui aurait mal tourné. Il a également expliqué que l’enquête est rendue difficile par le fait que les autorités maliennes ne contrôlent pas le nord de leur territoire et que les autorités judiciaires, malgré leur volonté de coopérer à l'enquête, souffrent d’un grave manque de moyens.


Entre temps, de nouvelles demandes de déclassification de pièces ont été envoyées. Les deux ordinateurs, professionnel et personnel, de Ghislaine ont été versés au dossier et seront analysés par des experts. Pour rappel, l’ordinateur de Ghislaine Dupont aurait été accédé à distance par un pirate, le jour même de sa mort, selon l’enquête menée par les journalistes d’Envoyé Spécial.


Pour la maman de Ghislaine, l’attente de la vérité est trop longue. Quatre ans plus tard, nous n’avons toujours pas de réponse. Tous les soirs, les scénarios les plus fous tournent dans ma tête. Nous avons besoin de comprendre ce qui s’est passé, pourquoi ils ont été tués.”


Le Mali occupe la 116ème place sur 180 pays dans le Classement mondial 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.


Plus d’information sur l’assassinat des deux journalistes de RFI et l’enquête en cours ici.

Publié le
Updated on 16.06.2017