Le journaliste vietnamien Lê Van Dung arrêté pour “propagande contre l’Etat”
Reporters sans frontières (RSF) exige la libération immédiate de ce journaliste, fondateur d’une chaîne vidéo en ligne sur laquelle il traitait notamment de cas de corruption et d’expropriations illégales. Selon le chef d’accusation qui a mené à son arrestation, il risque jusqu’à vingt ans de prison.
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Actualisation - 23 mars 2022
Après neuf mois de détention, Lê Van Dung a été condamné, mercredi 23 mars, à cinq ans de prison et cinq ans de mise à l’épreuve par le tribunal populaire de Hanoi pour “propagande contre l’Etat”, au motif de l’article 117 du code pénal. RSF dénonce avec la plus grande vigueur ce verdict, prononcé à l’issue d’un procès expéditif, et demande sa libération.
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Cela faisait un mois qu’il tentait d’échapper à la police. Le journaliste indépendant Lê Van Dung a été officiellement placé en détention le mercredi 30 juin par les forces de polices de Hanoi, dans le nord du pays. L’information, d’abord révélée par plusieurs médias d’Etat vietnamien, a été confirmée par l’épouse du journaliste le 1er juillet.
Lê Van Dung, plus connu sous son pseudonyme journalistique Lê Dung Vova, est le fondateur et l’animateur de la chaîne d’information en ligne Chan Hung Nuoc Viet TV (CHTV), disponible, entre autres, sur Facebook-Live et sur Youtube. Le journaliste y traitait de l’actualité sociale en ouvrant son micro au public, et abordait des questions touchant, notamment, à la corruption et à des expropriations foncières illégales - deux sujets jugés particulièrement sensibles par les autorités vietnamiennes.
La police de Hanoi avait débarqué à son domicile le 25 mai dernier pour l’arrêter. Alors absent, Lê Van Dung n’a eu d’autre choix que de se réfugier dans la clandestinité, avant d’être finalement interpellé la semaine dernière. Placé en détention au motif de l’article 117 du code pénal, qui punit la diffusion de contenus “qui s’opposent à la République socialiste du Vietnam”, il risque jusqu’à vingt ans de prison.
“Nous exigeons la libération immédiate de Lê Van Dung, dont le nom vient s'ajouter à une longue liste de journalistes vietnamiens jetés en prison pour avoir simplement tenté d’apporter une information fiable à leurs concitoyens, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. A ce titre, les autorités du Vietnam font montre de leur mépris absolu pour l’Etat de droit en violant grossièrement l’article 25 de la Constitution du pays, qui proclame la liberté de la presse.”
Figure centrale de l'actuel bureau politique de Parti communiste vietnamien, son secrétaire général, Nguyen Phu Trong, au pouvoir depuis 2011, est le symbole du durcissement du régime de Hanoi depuis cinq ans. Il se trouve en bonne place dans la galerie des prédateurs de la liberté de la presse publiée aujourd'hui, lundi 5 juillet, par RSF.
Le Vietnam se situe à la 175ème position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.