Le journaliste Manuel Vázquez Portal libéré
Reporters sans frontières s'est félicitée de la libération, le 23 juin, du journaliste Manuel Vázquez Portal. L'organisation refuse de parler d'une bonne nouvelle pour la liberté de la presse alors que l'Etat maintient son monopole sur l'information. Pour le journaliste, sa libération n'est qu'"un clin d'œil à la communauté internationale".
Il a écarté l'idée d'une libération pour raison de santé et pense que sa libération est en réalité "un clin d'œil du gouvernement cubain à la communauté internationale". Il a dit se sentir "physiquement bien" et estimé que d'autres journalistes, comme Raúl Rivero et Oscar Espinosa Chepe, sont dans un état de santé plus préoccupant et "auraient dû être libérés avant moi". ------------------------------------------------------------------- 24.06.2004 - Libération du journaliste Manuel Vázquez Portal
Reporters sans frontières se félicite de la libération, le 23 juin, du journaliste indépendant Manuel Vázquez Portal. "Si c'est une bonne nouvelle pour Manuel Vázquez Portal et sa famille, ce n'en est pas encore une pour la liberté de la presse. D'abord parce que le journaliste reste menacé d'incarcération s'il reprend ses activités. Ensuite, et surtout, parce que vingt-six de ses confrères sont toujours emprisonnés à Cuba et que l'information reste un monopole d'Etat", a déclaré Reporters sans frontières. L'organisation considère le président Castro comme l'un des 37 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. Au total, dix dissidents ont été libérés depuis le début de l'année, dont trois journalistes. Six d'entre eux faisaient partie du groupe des 75 opposants arrêtés lors du printemps noir de mars 2003. "Il serait faux de parler pour autant d'adoucissement de la répression à Cuba alors que, selon la Commission cubaine des droits de l'homme et de la réconciliation nationale (CCDHRN), 20 à 30 dissidents ont été arrêtés depuis le début de l'année", a souligné Reporters sans frontières. Le 23 juin 2004 au matin, Manuel Vázquez Portal a été libéré et transféré, depuis la prison « Boniato » dans la province de Santiago de Cuba, à plus de 1 000 km de la capitale, à son domicile de La Havane, où il est arrivé dans la soirée. Le journaliste a bénéficié d'une "autorisation extra-pénale", équivalent juridique d'une assignation à domicile, pour raison de santé. Cette libération n'est pas inconditionnelle. Elizardo Sánchez, président de la CCDHRN, rappelle que, selon le code pénal, elle prend fin quand l'état de santé du détenu s'est amélioré. Manuel Vázquez Portal reste également menacé d'incarcération s'il reprend ses activités de journaliste. Ce dernier souffre d'un emphysème pulmonaire (rétrécissement des voies respiratoires, qui se traduit par un manque d'oxygène dans le sang). A plusieurs reprises, il avait qualifié ses conditions de détention d'inhumaines. Pour la CCDHRN, son état de santé ainsi que celui des autres dissidents libérés, est jugé grave depuis l'année dernière. Procès et biographie Manuel Vázquez Portal avait été interpellé le 19 mars 2003 lors du "printemps noir" cubain : une vague de répression au cours de laquelle 75 opposants avaient été arrêtés puis condamnés à des peines allant de 6 à 28 ans de prison. Il avait été condamné à 18 ans de prison le 4 avril suivant par la Chambre des délits contre la sécurité de l'Etat du Tribunal provincial populaire de La Havane. Les autorités avaient alors évoqué la loi 88 sur les atteintes à l'indépendance nationale pour reprocher à l'accusé de publier des articles sur le site de cubanet.org, de collaborer avec Radio Marti, la station fédérale américaine émettant vers Cuba, d'avoir reçu des Etats-Unis des virements en dollars en rémunération de ses articles et de fréquenter régulièrement les fonctionnaires de la Section des intérêts américains à La Havane. Diplômé en philologie de l'université de Villa Clara, Manuel Vázquez Portal, âgé de 53 ans, est un ancien enseignant, ancien conseiller littéraire au ministère de la Culture, ancien journaliste officiel (notamment au Caimán barbudo, une revue culturelle). Poète et écrivain, il a obtenu pour ses œuvres trois prix officiels entre 1984 et 1993, avant d'être chassé des rangs de l'UNEAC (Union nationale des écrivains et artistes de Cuba) en 1995 pour sa dissidence politique. Cofondateur de CubaPress en 1995 et de la Coopérative des journalistes indépendants en 1997, il avait créé en 1998 le Grupo de Trabajo Decoro, une agence de presse dédiée à l'actualité littéraire et culturelle. Manuel Vázquez Portal avait obtenu des Etats-Unis un visa de réfugié politique, mais La Havane ne lui avait accordé un permis de sortie que le 18 octobre 2002, après que Washington avait suspendu les « vols de la liberté » entre Cuba et le continent, dans la foulée sécuritaire du 11 septembre 2001. Aujourd'hui libéré, le journaliste pense refaire les démarches nécessaires à l'obtention d'un permis de sortie du territoire.
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