Le journaliste emprisonné Afgan Moukhtarly en grève de la faim : les autorités azerbaïdjanaises sont responsables de son sort
Reporters sans frontières (RSF) est extrêmement inquiète pour Afgan Moukhtarly, emprisonné en Azerbaïdjan : le journaliste, qui souffre d’un diabète, a entamé une grève de la faim. L’organisation appelle la communauté internationale à se mobiliser pour obtenir sa libération immédiate.
Afgan Moukhtarly est en grand danger : diabétique et sujet à de l’hypertension, le célèbre journaliste d’investigation azerbaïdjanais a entamé une grève de la faim le 22 septembre pour protester contre le traitement arbitraire dont lui et son avocat sont victimes en prison. “Il est conscient que cette grève de la faim met sa vie en danger, déclare à RSF son épouse Leïla Moustafaïeva. S’il a malgré tout pris cette décision, c’est que les procédures judiciaires n’offrent aucune perspective.” Pour toute réponse, l’administration pénitentiaire a placé le journaliste à l’isolement.
Enlevé en Géorgie et rapatrié de force en Azerbaïdjan en mai 2017, Afgan Moukhtarly a été condamné à six ans de prison sous des accusations montées de toutes pièces. Comme si cela ne suffisait pas, l’administration pénitentiaire fait tout pour le couper du monde : visites et appels limités au maximum, pressions sur ses codétenus… La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le traitement réservé à son avocat Nemat Kerimli le 20 septembre : fouillé en entrant et en sortant de la cellule du journaliste, il s’est vu réclamer les notes prises pendant son rendez-vous. Devant son refus, les geôliers ont plaqué l’avocat contre un mur, lui ont arraché sa sacoche et l’ont enfermé trois quarts d’heure pendant que leur chef lisait les notes en question.
Nemat Kerimli avait déjà été empêché de rendre visite au journaliste fin août. Afgan Moukhtarly suggère que ces nouvelles pressions pourraient être des représailles après les visites qu’il a reçues cet été de la part de deux hauts fonctionnaires européens. Il réclame la fin de l’impunité dont bénéficie le personnel de sa prison, à commencer par son directeur adjoint, Emin Aliev.
“Nous sommes extrêmement inquiets pour Afgan Moukhtarly et nous tenons les autorités azerbaïdjanaises pour responsables de son sort, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Depuis son enlèvement en Géorgie jusqu’aux vexations qu’il subit en prison, l’injustice qui lui est faite est insupportable. Nous appelons Bakou à le remettre en liberté de toute urgence, sans quoi nous mettrons tout en œuvre pour que des sanctions internationales soient mises en place contre les personnalités impliquées dans sa persécution.”
Connu pour ses enquêtes sur la corruption au sommet en Azerbaïdjan, Afgan Moukhtarly a été enlevé le 29 mai 2017 à Tbilissi, où il avait trouvé refuge trois ans plus tôt. Accusé contre toute évidence d’avoir passé la frontière illégalement en possession de 10 000 euros, le journaliste a été condamné à six ans de prison. L’enquête ouverte en Géorgie sur son enlèvement n’a pour l’heure donné aucun résultat probant.
L'Azerbaïdjan occupe la 166e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019, publié par RSF. Les principaux médias critiques ont été réduits au silence ou à l’exil, les principaux sites d’information indépendants sont bloqués et pas moins de six journalistes sont actuellement emprisonnés.