Pour avoir infiltré puis démantelé un réseau mafieux, le journaliste italien, Antonio Papaleo, est en danger de mort. Reporters sans frontières interpelle les autorités compétentes pour qu’elles accordent au journaliste une protection.
Rédacteur en chef de La Voce, Antonio Aldo Papaleo se présente comme un “chercheur de vérité”. Le journaliste italien, basé en Slovaquie, est un spécialiste du crime organisé. Il a déjà travaillé sur plusieurs affaires de corruption et de trafics internationaux. Sa dernière enquête, commencée courant 2012, l’a conduit à infiltrer « le milieu », et à couvrir ses activités de blanchiment d’argent entre Prague et Hong Kong.
Entre 2010 et 2011, Antonio Aldo Papaleo, en agissant sous son véritable nom, s’est construit une réputation de journaliste corrompu, drogué et alcoolique, jusqu’à devenir fréquentable par les réseaux mafieux qu’il souhaitait infiltrer. Son enquête s’est soldée par l’arrestation et le procès de plusieurs suspects à Hong Kong, mais aussi par des menaces de mort et par le désintérêt des polices des pays concernés.
“Après avoir effectué un travail d’investigation au péril de sa vie, Antonio Aldo Papaleo est récompensé par des menaces de mort de la part de la mafia, et l’indifférence de nombreuses autorités européennes informées de sa situation”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. “Les autorités slovaques et italiennes doivent aujourd’hui se saisir de cette affaire et venir en aide à un citoyen qui a accompli un service d’intérêt public. Des mesures concrètes de protection doivent être offertes à Antonio Aldo Papaleo afin de lui permettre de retrouver à terme une vie normale loin des dangers qu’il a côtoyés pendant plus de deux ans”, ajoute-t-il.
En 2012, le journaliste a commencé par entrer en contact avec des mafieux tchèques et slovaques agissant dans le blanchiment d’argent à Hong Kong et Dubaï. Ceux-ci voulaient placer Antonio Aldo Papaleo à la tête d’un plan de détournement de millions d’euros impliquant le clonage de deux sociétés et l’ouverture de multiples comptes bancaires en devises afin d’éloigner les fonds.
Après un voyage à Hong Kong où il ouvre deux comptes bancaires pour blanchir de l’argent, il rentre en Europe et se tourne vers les autorités tchèques, slovaques et Interpol qui ne montrent que peu d’intérêt pour ses révélations.
Antonio Aldo Papaleo retourne alors à Hong Kong et s’adresse au bureau spécial pour les narcotiques et les crimes financiers. Celui-ci prend son affaire au sérieux et mène une enquête. La police hong-kongaise procède rapidement à l’arrestation du chef du réseau à la mi-mai 2013. A la suite de cette interpellation, Antonio Aldo Papaleo reçoit plusieurs menaces de mort. Depuis Hong Kong, la police demande en vain aux autorités européennes une protection.
Devant l’absence totale de soutien des services européens, Antonio Aldo Papaleo est entré en clandestinité après avoir témoigné lors du procès en mai 2014.
Se situant actuellement en position extrêmement précaire, Antonio Aldo Papaleo ne reçoit que de faibles revenus pour son enquête qui a pourtant permis d’abattre un réseau qui brassait des millions d’euros. L’absence totale de reconnaissance et de mise en place de protection est d’autant plus choquante que le travail d’Antonio Aldo Papaleo s’est toujours trouvé dans un cadre légal.