Le procureur général Hicham Baraket a approuvé, le 16 juin 2014, la
libération du correspondant de la chaîne satellitaire qatarie
Al-Jazeera,
Abdullah Al-Shami, et de douze autres prévenus, en raison de leur état de santé.
Abdullah Al-Shami avait été
arrêté le 14 août 2013, alors qu’il couvrait le sit-in organisé sur la place Rabiaa Al-Adawiya par les partisans du président Mohamed Morsi, destitué le 3 juillet. Ce rassemblement avait été violemment réprimé par les forces de l’ordre.
Selon Human Rights Watch, 377 personnes avaient été tuées. Détenu sans inculpation formelle, Abdullah Al-Shami a entamé, le 21 janvier, une grève de la faim pour protester contre son incarcération arbitraire. Après 140 jours, il a perdu 40 kg et son état de santé s’est
nettement détérioré. Le 13 mai, RSF avait exprimé sa
vive inquiétude quant à l’état de santé du journaliste et exhorté les autorités à le relâcher immédiatement et sans conditions afin de recevoir les soins appropriés.
“
C’est avec soulagement que l’on accueille la libération d’Abdullah Al-Shami, après dix mois de détention”, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction de la recherche à Reporters sans frontières. "
Mais de nombreux journalistes sont toujours derrière les barreaux en Égypte, parmi lesquels les trois journalistes d’Al-Jazeera, arrêtés en décembre dernier. Nous demandons, une nouvelle fois, au gouvernement égyptien de mettre fin à la mascarade judiciaire qui entoure leur procès."
L’Egypto-Canadien
Mohamed Adel Fahmy, responsable du bureau du Caire d’
Al-Jazeera, l’Australien
Peter Greste, ancien reporter à la
BBC et correspondant d’
Al-Jazeera, et
Baher Mohamed, employé local de la chaîne sont
détenus depuis le 29 décembre 2013. Leur procès s’est ouvert en février dernier. Au total, vingt journalistes sont poursuivis, seize reporters égyptiens sont accusés d'appartenance à une “
organisation terroriste” et quatre étrangers - deux Britanniques, un Australien et une Néerlandaise -sont quant à eux, accusés de leur avoir fourni “
argent, équipements et informations” afin de “
diffuser de fausses nouvelles” faisant croire à une “
guerre civile dans le pays”. Huit d'entre eux ont été arrêtés tandis que douze autres sont jugés par contumace. Le 16 juin, le juge a annoncé que le verdict serait rendu le 23 juin prochain. Le procureur général a requis de lourdes peines, entre 15 et 20 ans d’emprisonnement.
Dans une
lettre ouverte adressée au président Al-Sissi, Reporters sans frontières avait invité le nouveau
raïs égyptien à se poser en garant de la liberté de la presse et de la liberté d’informer, et à libérer l’ensemble des acteurs de l’information actuellement détenus.