Reporters sans frontières dénonce la condamnation à trois ans de privation de liberté et à une amende de 3 600 euros d’Alyakseï Jalnou, le 21 juillet 2014 à Babrouisk (Est). Ce verdict s’inscrit dans la droite ligne du harcèlement judiciaire dont est victime son père, le blogueur Aleh Jalnou.
Cela fait longtemps que les autorités locales de Babrouisk (160 km à l’est de Minsk) tentent de faire taire le blogueur critique
Aleh Jalnou. Ces mesures de rétorsion atteignent aujourd’hui son fils, Alyakseï Jalnou. Le 21 juillet 2014, ce dernier a été condamné à trois ans de privation de liberté et une amende de 50 millions de roubles bélarusses, soit l’équivalent de 3 600 euros. Si la peine est confirmée en appel, pendant trois ans, Alyakseï Jalnou sera contraint de passer la nuit dans un centre de détention et de travailler en extérieur la journée.
Le fils du blogueur a été reconnu coupable par un tribunal de Babrouisk d’avoir agressé un policier, le 4 septembre 2013. Ce jour-là, il avait été interpellé alors qu’il aidait son père à filmer des véhicules de la police routière illégalement garés sur un passage piéton. Les deux hommes avaient été emmenés au commissariat, où une bousculade avait éclaté lorsqu’ils avaient été frappés et menottés par des policiers. Aleh Jalnou et son fils avaient été remis en liberté quelques heures plus tard, mais la vidéo qu’ils étaient en train de réaliser avait été confisquée.
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Impuissants à faire taire Aleh Jalnou, les autorités s’en prennent à son fils, déplore Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale.
Nous condamnons fermement ce verdict qui consacre l’impunité de la police locale, et nous demandons à la justice de le casser en appel.”
Alyakseï Jalnou a annoncé son intention de faire appel pour contester ce jugement. Il reste pour l’heure en liberté conditionnelle. Il a déclaré que le capitaine de police Alyaksandr Boutovski l’avait poursuivi en justice pour se venger des critiques récurrentes émises par son père à l’encontre de la police locale. Pour ce même incident du 4 septembre, le blogueur avait déjà été condamné le 1er novembre 2013 à payer une amende de 2,6 millions de roubles bélarusses (environ 200 euros) pour “désobéissance à un officier de police”. Avant le procès, son appartement avait été perquisitionné, son ordinateur et son portable saisis.
Le blogueur Aleh Jalnou est connu pour dénoncer les abus des autorités de la ville de Babrouisk, et notamment de la police routière. Il est victime d’un harcèlement croissant depuis quelques années. Le 7 avril 2014, il a été condamné à une amende de 6,9 millions de roubles bélarusses (environ 500 euros) pour ne pas avoir laissé son portable aux services de sécurité avant de rencontrer le chef du Comité d’enquête régional. Trois semaines plus tôt, il avait été condamné à une amende de 5,85 millions de roubles bélarusses (environ 430 euros) pour avoir enregistré sa conversation avec le chef de la police routière de la ville. En février, le procureur de Babrouisk a lancé de nouvelles poursuites à son encontre pour “insulte à un officier de police” dans divers posts de blog publiés en 2012 et 2013. S’il est déclaré coupable, le blogueur risque jusqu’à trois ans de privation de liberté.
Le Bélarus occupe la 157ème place sur 180 dans le
Classement mondial 2014 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Le Centre opérationnel et analytique (OAC), rattaché au président Alexandre Loukachenko, figure
parmi les “Ennemis d’Internet” recensés par l’organisation.