Reporters sans frontières lance un appel urgent à la communauté internationale pour qu'elle prenne des mesures énergiques, avec le gouvernement somalien, en faveur des journalistes après l'assassinat du directeur du groupe de presse Shabelle
Reporters sans frontières lance un appel urgent à la communauté internationale pour qu'elle prenne des mesures énergiques, avec le gouvernement somalien, en faveur des journalistes après l'assassinat, le 19 octobre 2007, du directeur du groupe de presse Shabelle. Bashir Nur Gedi est le huitième collaborateur de médias tué depuis le début de l'année en Somalie et le troisième grand patron de presse tombé sous les balles d'assassins inconnus à Mogadiscio.
“La situation sécuritaire à Mogadiscio semble hors de tout contrôle. Les journalistes abandonnés par les autorités somaliennes et leur partenaires sont devenus des cibles stratégiques, faciles à approcher. Les uns après les autres, les patrons des grands médias du pays sont éliminés. Dans ce contexte d'impunité totale, à force d'inaction, ceux qui auraient les moyens de stopper cette série criminelle vont finir par se rendre complices de ces meurtres”, a déclaré l'organisation.
Par ailleurs, Reporters sans frontières proteste enérgiquement contre les arrestations arbitraires qui continuent d'être perpétrées par les autorités locales et fédérales sur l'ensemble du territoire.
Selon l'Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, Bashir Nur Gedi a été assassiné, le 19 octobre 2007, par un commando de jeunes hommes, âgés de 14 à 20 ans, devant son domicile, dans le sud de la capitale. Touché plusieurs fois à la tête et à la poitrine, le journaliste est mort sur le coup. Ses meurtriers sont parvenus à prendre la fuite. Moins d'un mois auparavant, le directeur en exercice de Radio Shabelle, Jafar Mohammed "Kukay", a été victime d'une tentative d'assassinat. En signe de deuil, la radio a interrompu ses programmes pour diffuser des versets du Coran.
Par ailleurs, cinq journalistes ont été interpellés le 19 octobre 2007. Dans la région du Puntland (Nord-Est), fief de l'actuel président du gouvernement fédéral de transition, Abdullahi Yusuf Ahmed, les forces de l'ordre ont procédé à la fermeture de Radio Garowe et ont interpellé le rédacteur en chef, Isse Abdullahi Mohammed, le directeur, Abdi Farah Jama Mire, et un producteur, Mohammad Dahir Yusuf. Ces deux derniers ont été libérés, mais Isse Abdullahi Mohammed est toujours placé en détention. Selon les journalistes locaux, ces arrestations seraient liées à la récente diffusion, sur Radio Garowe, d'une interview de l'ancien chef de la sécurité du président qui a fait défection, pendant laquelle il a promis qu'il publierait des révélations sur les exactions commises par le gouvernement.
Le même jour, à Mogadiscio, les forces de sécurité ont interpellé Abdullahi Mohammed Hassan "Black", rédacteur en chef du quotidien Ayaamaha, à son bureau. Il a été libéré le lendemain après avoir passé douze heures en détention sans jamais connaître ce qui lui était reproché. De même Abdirashid Abdulle Abikar, stringer de l'Agence France-Presse (AFP) et membre de la NUSOJ, a été brièvement interpellé alors qu'il prenait des photos de blessés dans l'hôpital Médina de la capitale. Les forces de l'ordre ont confisqué son matériel. Selon l'Union nationale des journalistes somaliens, les motifs de ces arrestations ne sont pas connus.