Tatsuya Kato, journaliste correspondant en Corée du Sud pour le journal japonais Sankei Shimbun est poursuivi en diffamation suite à la publication d’un article s’interrogeant sur les faits et gestes de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, lors du naufrage du ferry Sewol, le 16 avril 2014.
En publiant un article en ligne, le 3 août 2014, sur les occupations de la présidente de la Corée du Sud Park Geun-hye le jour du naufrage du ferry Sewol, le journal japonais
Sankei Shimbun ne s’attendait pas à une réaction aussi musclée de la part de la présidence et de ses soutiens. Depuis le 18 août dernier, le correspondant du journal à Séoul,
Tatsuya Kato, a été convoqué à deux reprises devant le procureur suite à la plainte pour diffamation déposée par une association de citoyens sud-coréens. Le journaliste, actuellement sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire, demeure sous la surveillance des autorités. En cas de procès, le journaliste encourt une peine pouvant aller jusqu’à sept ans d’emprisonnement.
L’article se base notamment sur des informations publiées le 18 juillet 2014 dans les colonnes du quotidien coréen
Chosun Ilbo, qui n’a pour sa part pas été inquiété. En partant de l’interrogatoire du chef du secrétariat de la résidence présidentielle, couramment appelée “Blue House”, le journal coréen y mentionnait une “rumeur”, faisant référence aux diverses spéculations sur les faits et gestes de la présidente au moment du drame.
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Il est tout à fait normal pour un média de s’interroger sur les actions de tous les membres de la classe politique y compris de la présidente, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Dans le contexte d’un drame national, le flou qui persiste sur l’agenda de la présidente au moment des faits est clairement un sujet d'intérêt public. De plus, les informations sur lesquelles repose l’article circulaient déjà sur la toile et n’ont fait l’objet d’aucune plainte jusqu’à ce jour. Nous demandons l’abandon des charges et la levée des restrictions de mouvement à l’encontre de Tatsuya Kato.”
Cinq jours après la publication de l’article, deux membres de l’ambassade de la République de Corée au Japon se sont rendus aux bureau du
Sankei Shimbun pour demander la suppression de l’article. Le 8 août, Tatsuya Kato a reçu une notification l’informant qu’il ferait l’objet d’une enquête. Au cours des jours suivants, le journaliste a été interrogé à plusieurs reprises pendant pendant près de seize heures au total. Le
Sankei Shimbun, réputé pour ses positions critiques à l’encontre de la Corée de Sud, est généralement peu apprécié des Coréens.
La Corée du Sud se positionne à la 57e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.