Le journaliste
Hossam Bahgat a été libéré mardi 10 novembre par les autorités égyptiennes. Il avait été placé quatre jours en détention pour “publication de fausses informations portant atteinte aux intérêts nationaux”. RSF
ignore les circonstances de sa libération qui survient à la suite d’une grosse mobilisation internationale, notamment un appel de l’ONU à le relâcher. Il semblerait que la procédure contre lui ne soit pas
abandonnée.
-----------------------------------------------------------
“
L’espace de la liberté d’expression et d’information n’a jamais été aussi restreint en Egypte déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient.
Un journaliste qui ose poser des questions et susciter des débats sur des questions d’intérêt public est automatiquement considéré comme un ennemi potentiel du régime. Les cas de ce week-end en sont une nouvelle fois l’illustration parfaite. Le nombre de journalistes en prison est alarmant. La répression continue des voix dissidentes doit impérativement cesser.”
Trois journalistes ont fait la une ce weekend en Egypte. Le célèbre journaliste d’investigation et défenseur des droits de l’homme
Hossam Bahgat a été arrêté dimanche 8 novembre.
Accusé de publication de fausses informations portant atteinte aux intérêts nationaux et perturbant la “paix publique”, il avait été
convoqué jeudi dernier pour un interrogatoire, qui a duré sept heures, au sein des renseignements militaires au Caire. Sa détention provisoire a été
prolongée ce lundi par les procureurs militaires pour quatre jours dans le cadre d’une enquête. La dernière
enquête du journaliste pour le site d’information
Mada Masr a été publié en octobre 2015 et portait sur la condamnation fin août de 26 anciens officiers accusés de conspiration avec les Frères musulmans pour “renverser le régime”. Les organisations internationales des droits de l’homme et les internautes ont vite réagi à son arrestation en se mobilisant sur les
réseaux sociaux.
La direction de la télévision nationale
Al-Qahera a décidé dimanche de suspendre la présentatrice,
Azzah Al-Hinnawi, à la suite d’une émission diffusée la semaine dernière dans laquelle la journaliste s’était directement adressée au président au sujet de la corruption dans le pays. Plus précisément, cette dernière revenait sur les intempéries à Alexandrie et Beheira et critiquait les performances des responsables politiques, dont celles du président Sissi. Elle demandait notamment à ce dernier de présenter son plan à la population. L’
administration de la chaîne a décidé que la journaliste, accusée de “manque de professionnalisme”, devait cesser ses fonctions et être interrogée par la justice.
Le président Sissi avait mis en garde les médias sur leur couverture non-professionnelle des intempéries à Alexandrie début novembre.
Enfin, l’homme d’affaires et fondateur du quotidien privé
al-Masry al-Youm, Salah Diab, a été
arrêté avec son fils à son domicile dans la ville de Gizeh. Les
raisons de son arrestation demeurent obscures, étant soit liées à la ligne éditoriale du journal soit à une plainte portée contre lui dans un dossier de corruption.
L’Egypte figure à la 158ème place du
Classement 2015 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.