L'audience du "Jour X" se termine sans décision immédiate, laissant le sort de Julian Assange en suspens
L'audience de la Haute Cour britannique visant à déterminer si Julian Assange sera autorisé à faire un dernier recours contre son extradition vers les États-Unis s'est achevée sans décision immédiate, laissant le sort du fondateur de WikiLeaks en suspens. Alors que l'état de santé de Julian Assange ne lui a pas permis d'assister à l'audience, Reporters sans frontières (RSF) réitère son appel à sa libération urgente.
Les 20 et 21 février, les juges Victoria Sharp et Jeremy Johnson ont présidé l'audience, au cours de laquelle la défense de Julian Assange a exposé les raisons pour lesquelles l'extradition devrait être bloquée, et le gouvernement américain a présenté ses arguments en réponse. À l'issue de l'audience, les juges ont réservé leur décision et n'ont donné aucune indication quant à la date à laquelle elle pourrait être rendue, si ce n'est qu'ils ont fixé des délais pour que les avocats fournissent des informations supplémentaires, le dernier étant fixé au 4 mars.
Pour la première fois depuis janvier 2021, Julian Assange a été autorisé à assister à l'audience en personne ou à se connecter depuis la prison de Belmarsh par liaison vidéo, cependant ses avocats ont déclaré qu'il n'était pas en état de le faire. RSF reste préoccupée par l'état de santé de Julian Assange suite la visite de notre équipe à Belmarsh le 16 janvier, au cours de laquelle il souffrait d'une maladie respiratoire et s'était cassé une côte à cause d'une toux excessive.
"Nous n'avons rien entendu de nouveau de la part du gouvernement américain au cours de cette audience – il a simplement répété ses arguments de longue date selon lesquels cette affaire ne concerne pas le journalisme et que M. Assange bénéficierait d'un procès équitable aux États-Unis. Or, cette affaire concerne bel et bien le journalisme et la liberté de la presse. En l'absence de protection du premier amendement et de défense de l'intérêt public dans le cadre de la loi sur l'espionnage, M. Assange ne peut bénéficier d'un procès équitable. Si nous espérons toujours qu'une certaine justice puisse être rendue au Royaume-Uni, nous continuons d'appeler le gouvernement américain à trouver une solution politique pour clore l'affaire et permettre la libération d'Assange sans plus tarder.
Les avocats de la défense ont présenté leurs derniers motifs d'appel, notamment le fait que la nature politique des actions de Julian Assange signifie qu'une exemption pour infraction politique devrait s'appliquer et constituer un obstacle juridique à son extradition. Ils ont fait valoir que les poursuites engagées contre M. Assange constitueraient une grave violation de la liberté d'expression et qu'il ne bénéficierait pas d'un procès équitable aux États-Unis. Ils ont également fait état d'informations alarmantes selon lesquelles des responsables de la CIA auraient planifié l'éventuelle assassinat de Julian Assange, et ont exprimé leur vive inquiétude quant au fait que, en cas d'extradition, les charges retenues contre lui pourraient être modifiées de manière à prévoir la possibilité d'une condamnation à mort.
Le gouvernement américain a répondu en répétant ses arguments de longue date sur l'affaire, soulignant que la nature volumineuse des révélations et la publication des noms des personnes impliquées signifiaient que les actions de Julian Assange allaient au-delà des pratiques ordinaires du journalisme. Il l'a tenu pour responsable du fait que l'ensemble de données non expurgées soit tombé dans le domaine public, même si d'autres parties l'ont publié avant WikiLeaks à la suite d'une divulgation de mot de passe par l'un des partenaires médiatiques avec lesquels WikiLeaks travaillait. Il a également tenté de contester l'argument de la défense selon lequel Assange, en tant que ressortissant étranger, ne bénéficierait pas des protections du premier amendement, bien que le procureur américain lui-même ait déclaré que cela pourrait être le cas.
Des représentants de RSF ont assisté à l'audience au tribunal, ayant été dûment accrédités en tant qu'observateurs d'ONG pour la première fois en quatre ans de suivi de la procédure d'extradition. Dans la salle d'audience principale, RSF et les autres observateurs ont pu suivre les débats dans leur intégralité ; cependant, les journalistes présents dans une salle d'audience annexe ont éprouvé de grandes difficultés à faire leur travail en raison de problèmes de connexion pour la retransmission en direct. Le tribunal a résolu ces problèmes le deuxième jour de l'audience. Contrairement aux audiences précédentes, l'accès à distance n'a été accordé qu'aux journalistes et observateurs physiquement présents en Angleterre et au Pays de Galles, laissant les autres déçus – en particulier aux États-Unis et en Australie, où le syndicat de journalistes MEAA s'est engagé dans des efforts de plaidoyer pour tenter de résoudre le problème pour ses membres.
Le Royaume-Uni est classé 26e et les États-Unis 45e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 de RSF.