Le journaliste Ulugbek Khaidarov (photo) a été passé à tabac le 24 juin par deux inconnus à Karshi. Deux jours plus tard, la police ouzbèke a arrêté à Andijan Gafur Yuldachev, correspondant de Radio Free Europe. Reporters sans frontières dénonce une politique d'intimidation qui nuit gravement à la liberté de la presse.
Le 26 juin 2005, la police ouzbèke a arrêté à Andijan Gafur Yuldashev, correspondant de Radio Free Europe, et l'a interrogé pendant près de quatre heures avant de lui confisquer son dictaphone. Par ailleurs, le 24 juin, le journaliste indépendant Ulugbek Khaidarov (photo) a été sévèrement bastonné par deux inconnus à Karshi, alors qu'il se rendait au domicile de son confrère Tulkin Karaev.
« Les brutalités contre les journalistes continuent depuis les événements d'Andijan du 13 mai dernier. Nous demandons au ministre de l'Intérieur, Zakir Almatov, de mener une enquête impartiale sur les abus de pouvoir auxquels se livrent les fonctionnaires de police à l'encontre des reporters indépendants. Le président Islam Karimov devrait s'inquiéter de cette politique systématique de répression qui nuit gravement à la liberté de la presse dans son pays », a déclaré l'organisation.
Gafur Yuldashev, correspondant de Radio Free Europe, devait interviewer, le 26 juin au matin, Isroil Holdorov et Sadirohun Sufiev, deux représentants du parti d'opposition Erk, désormais interdit par les autorités, au bazar Yangibozor d'Andijan. Il a alors été interpellé par huit policiers qui l'ont conduit au département du ministère de l'Intérieur de la ville. Le journaliste a été fouillé et interrogé à plusieurs reprises pendant plus de quatre heures. Menacé d'incarcération immédiate, il s'est également vu confisquer son dictaphone avant d'être finalement relâché.
Ulugbek Khaidarov a été agressé à Karshi le 26 juin, à 22 heures, à environ 200 mètres du domicile de Tulkin Karaev, journaliste indépendant assigné à résidence par les autorités locales. Deux inconnus l'ont accosté et l'ont violemment frappé à la tête. Alors qu'il était à terre, ses agresseurs l'ont battu à coups de pied en lui disant : « Qu'est-ce que tu fais à Karshi ? Retourne d'où tu viens ! » Des passants, alertés par le bruit, ont finalement fait fuir les assaillants. Ulugbek Khaidarov a regagné sa ville natale de Jizzakh le lendemain. « Je n'ai pas l'intention de porter plainte, car c'est une perte de temps et d'énergie vaine », a-t-il déclaré à Reporters sans frontières.
C'est la deuxième fois que le journaliste, qui collabore notamment aux sites d'opposition www.fergana.ru et www.centrasia.ru, est agressé en l'espace de deux mois. Il avait été sévèrement passé à tabac par un inconnu dans la nuit du 23 au 24 avril 2005, à Jizzakh. Souffrant d'une clavicule et de deux côtes cassées, il avait été immédiatement hospitalisé.
Le 20 avril, le gouverneur local, Ubaidulla Yamankulov, l'avait appelé personnellement au téléphone pour lui demander de cesser d'écrire ses articles et l'avait menacé de lui « régler son compte ».