Reporters sans frontières s'inquiète de la décision, prise le 13 novembre par la Commission centrale électorale, de supprimer l'accréditation de la chaîne de télévision indépendante Rustavi 2 dans le cadre des élections législatives et de la crise politique que traverse le pays.
Reporters sans frontières s'inquiète de la décision, prise le 13 novembre par la Commission centrale électorale, de supprimer l'accréditation de la chaîne de télévision indépendante Rustavi 2.
L'organisation est préoccupée par les pressions exercées sur
Rustavi 2 par la Commission électorale et plusieurs partis politiques dans le cadre des élections législatives du 2 novembre, et de la crise politique que traverse le pays depuis douze jours. Elle craint que la décision de la Commission électorale ne prive les citoyens géorgiens de la possibilité d'être informés par la seule chaîne de télévision réellement indépendante de Géorgie sur un moment essentiel de la vie publique de leur pays.
Selon nos informations, neuf membres de la Commission centrale électorale sur douze ont voté pour le retrait de l'accréditation de Rustavi 2, dans la soirée du 13 novembre 2003. Ces derniers reprochent à la chaîne de diffuser un spot du mouvement étudiant Kmara. Le spot s'adresse à plusieurs membres de la Commission pour qu'ils cessent de falsifier le scrutin électoral et qu'ils pensent à la population. Il se conclue en déclarant que ces derniers finiront en prison s'ils continuent.
Le 6 novembre, un des membres de la Commission Givi Komadhidze, avait demandé à la chaîne de cesser de diffuser le spot, rappelé que le mouvement Kmara avait été crée par Zurab Zhvania, leader de l'Union des démocrates, un parti d'opposition, et affirmé que les images étaient agressives envers les membres de la Commission électorale. Il avait annoncé qu'il demanderait à cette dernière de retirer son accréditation à Rustavi 2 si elle continuait à diffuser le spot. La présidente de la Commission, Nana Devderiani, avait déclaré que cet organe n'avait pas la légitimité permettant de signifier à une chaîne quelle publicité elle pouvait ou ne pouvait pas diffuser.
Par ailleurs, le 10 novembre, trois partis politiques, l'Union du renouveau, le Parti des industriels et le Parti travailliste, ont annoncé qu'ils considéraient la chaîne responsable de la crise politique que traverse le pays depuis le scrutin du 2 novembre. Ces partis refusent désormais de donner des interviews à Rustavi 2.
Le même jour, Guram Donadze, journaliste de Rustavi 2, a été pris à partie par Tamaz Giorgadze, membre du bloc progouvernemental Pour une nouvelle Géorgie, alors qu'il essayait de savoir qui le président Chevardnadze devait rencontrer à l'aéroport de Tbilissi.
Reporters sans frontières rappelle que les résultats définitifs des élections législatives n'ont, douze jours après le scrutin, toujours pas été délivrés par la Commission centrale électorale, que des milliers de manifestants protestent contre les fraudes dénoncées par des partis d'opposition et demandent la démission du président Chevardnadze. L'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a déclaré, dans un communiqué du
3 novembre, que de nombreuses irrégularités ont été observées au cours du scrutin.