La journaliste Naseeb Karfana retrouvée égorgée en Libye
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Reporters sans frontières prend connaissance avec effroi de la mort de la journaliste Naseeb Miloud Karfana, dont le corps été retrouvé jeudi 29 Mai dans la ville de Sabha, dans le sud du pays. Sa dépouille gisait à côté de celle de son fiancé dans le quartier Al-Hay Al-Jadida, au nord de la ville, avec des marques de torture apparentes. La journaliste avait été égorgée.
D’après le directeur de l’antenne locale de la chaîne Libya Al-Wataniya, Ali Shaniber, Naseeb coopérait avec la chaîne publique en tant que coordinatrice de programme depuis huit mois. Jeudi soir, la journaliste aurait quitté les locaux de la chaîne vers 19 heures. Son fiancé l’attendait dans une voiture pour que le couple se rende à la célébration du mariage d’une amie. En début de soirée, la mère de la journaliste ne voyant pas sa fille arriver décida de contacter la chaîne. Un responsable lui affirma que Naseeb était partie.
Le rapport médical légiste est attendu en vue d’éclaircir les raisons concrètes de la mort des deux personnes. D’après certains de leurs proches, Naseeb et son fiancé auraient dernièrement reçu des menaces continues d’une personne non identifiée jusqu’à présent. Reporters sans frontières exhorte les autorités libyennes compétentes à mener sans délai une enquête impartiale afin d’élucider au plus vite les motifs de ce crime innommable, en intégrant pleinement la piste professionnelle.
« Il est impératif que les responsables de cet effroyable assassinat soient rapidement retrouvés afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice et en vue de mettre un terme à l’impunité en Libye, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. L’environnement dans lequel les professionnels des médias sont contraints de travailler est devenu de plus en plus insoutenable. Ne serait-ce que depuis le début de l’année 2014, nous avons recensé plus d’une soixantaine d’exactions à l’encontre de la liberté de l’information, dont deux assassinats en moins d’une semaine – même si les raisons de ces crimes doivent être élucidées ».
Ce tragique événement survient en effet trois jours après l’assassinat de Muftah Buzeid, le rédacteur en chef du journal public Burniq, violemment abattu en pleine rue à Benghazi le lundi 26 mai dernier. La situation est particulièrement périlleuse pour les acteurs de l’information libyens. Il est impératif que le gouvernement libyen prenne immédiatement des mesures concrètes et efficaces - exécutives, législatives et judiciaires - dans le but de contenir cette violence croissante, notamment à l’encontre des médias. Reporters sans frontières rappelle que la nouvelle Libye « libre » doit assumer ses obligations nationales et internationales en termes de liberté d’information, d’expression et d’opinion.
Publié le
Updated on
20.01.2016