La communauté internationale s’alarme enfin des menaces digitales dénoncées par RSF
A l’occasion de la Media Freedom Conference qui se tient à Londres les 10 et 11 juillet 2019, les rapporteurs spéciaux des Nations Unies et de plusieurs institutions internationales affirment que le contrôle par les entreprises privées de la liberté d’expression est une menace majeure. Cette déclaration rappelle tout le sens de l’initiative internationale sur l’Information et la Démocratie portée par RSF depuis novembre 2018.
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, David Kaye, ainsi que ses homologues de l’Organisation pour la sécurité et coopération en Europe (OSCE), Harlem Désir, de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), Edison Lanza, et de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP), Laurence Mute, ont publié le 10 mai leur 20e déclaration commune sur la liberté d’expression, à l’occasion de la Media Freedom Conference organisée par les gouvernements britannique et canadien.
En reconnaissant que le contrôle par les entreprises privées de notre environnement constitue une menace majeure sur la liberté d’expression, cette déclaration a fait écho à l’initiative internationale sur l’Information et la Démocratie lancée par Reporters sans frontières (RSF) en novembre 2018. Portée par une Commission de renommée mondiale, cette initiative demande à toutes les parties prenantes - Etats et plateformes - de travailler aux côtés de la société civile pour développer de nouvelles garanties et solutions pour une information fiable et plurielle à l’heure de l’information digitale.
« La désinformation qui empêche les citoyens de se faire un jugement éclairé, les bulles algorithmiques qui mettent à mal le pluralisme, la concurrence déloyale entre les contenus conformes idéaux du journalisme et la propagande ou la rumeur… sont autant de défis pour la liberté d’opinion et d’expression, explique Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF et co-président de la Commission internationale sur l’Information et la démocratie. Ils surviennent en même temps que les opportunités offertes par l’économie numérique, comme le souligne cette déclaration importante. »
Shirin Ebadi, Lauréate du Prix Nobel de la Paix, qui co-présidait cette Commission, se réjouit de la prise de conscience qui émerge à Londres : « C’est l’occasion de mettre en exergue les disruptions technologiques qui affectent l’espace global de la communication et de l’information. Par exemple, l’évolution des business models des médias, le risque de s’enfermer dans certains types de contenus sur une plateforme, ou encore la propagande en ligne. Nous sommes heureux de voir que la communauté internationale commence à parler de ces sujets que nous portons depuis plusieurs mois. »
« L’initiative de RSF crée un espace de travail pertinent, impliquant toutes les parties prenantes, pour répondre concrètement aux phénomènes qui peuvent mettre en danger les principes intemporels de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, précise Thomas Friang, responsable du service Plaidoyer de RSF. Cette déclaration s’ajoute au soutien des 12 États que nous avons engagés dans cette initiative depuis novembre 2018. ».
Cette déclaration arrive à point nommé. Elle insiste sur l’importance d’un contrôle indépendant par les parties-prenantes de la société civile fondé sur le corpus international existant. Elle confirme la montée en puissance de l’initiative Information et Démocratie en vue du G7 qui se tiendra du 24 au 26 août à Biarritz et de l’Assemblée générale de l’ONU à New York en septembre prochain.
Initiée par RSF, Information et la Démocratie a amorcé un processus diplomatique. Il est porté par une alliance de 20 Etats démocratiques pour élaborer un partenariat international et le forum de la société civile en charge de sa mise en oeuvre.