« La chasse aux journalistes est ouverte »
Organisation :
La répression menée par les autorités et dénoncée par Reporters sans frontières à l’occasion de la “Journée de la liberté” célébrée par l’opposition bélarusse le 25 mars 2011 n’a pas faibli. Comme pris de panique, le régime du président Loukachenko emploie tous les moyens à sa disposition pour faire taire les voix critiques. De fait, celles-ci sont de plus en plus étouffées, et les journalistes bélarusses indépendants ont plus que jamais besoin du soutien de leurs confrères.
Uladzimir Laptsevitch, journaliste travaillant pour BelaPAN, a été arrêté à Mahilou (à l'est du pays) le 25 mars et condamné à 7 jours de prison alors qu’il tentait de couvrir la manifestation de l’opposition. Une fois de plus, des prétextes absurdes ont été invoqués. Plusieurs journalistes arrêtés à la veille u rassemblement ont été gardés en prison pendant 3 jours. A sa sortie, Alexandre Lochmankine a appris que son accréditation avait été annulée. « Les autorités bélarusses ne semblent pas avoir envie de voir des journalistes comme moi travailler ici », a-t-il déclaré à Reporters sans frontières. Ales Asiptsou a, quant à lui, annoncé à BelaPAN qu’il allait porter plainte contre son arrestation au motif qu’il avait « uriné dans un espace public ». « La chasse aux journalistes est ouverte, et je pense que nous devons maintenant nous attendre à n’importe quoi », a t-il déclaré.
L’acharnement des autorités bélarusses sur Andreï Pachobut est intolérable. Après avoir été emprisonné pendant quinze jours, interdit de sortie du territoire, le correspondant du journal polonais Gazeta Wyborcza a de nouveau été convoqué par le procureur le 28 mars. Il est cette fois-ci accusé d’avoir insulté le président Alexandre Loukachenko dans différents articles qu’il a publiés dans Gazeta Wyborcza, sur le site internet Belorussky Partizan et sur son blog. Alors qu’il ne lui a pas été précisé dans quelles mesures ces articles portaient atteinte à la dignité du Président, le journaliste risque jusqu’à deux ans de prison.
Le 28 mars encore, dans deux décisions de justice séparées, la Cour suprême bélarusse a confirmé les avertissements envoyés par le ministère de l’Information à deux médias indépendants, Narodnaya Volya et Avtoradio. Ils ont été mis en cause alors qu’ils n’avaient fait que donner la parole à des membres de l’opposition. Aujourd’hui, la Cour Suprême a confirmé la fermeture de Avtoradio.
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Renforcement de la pression sur les journalistes à l'occasion de la "Journée de la liberté"- 25 mars 2011
Reporters sans frontières s’indigne de l’arrestation des journalistes Alexandre Lochmankine et Ales Asiptsou, le 24 mars 2011, à la veille d’une date traditionnellement célébrée par l’opposition au Bélarus, “Dzen Voly” (journée de la liberté). Dans un contexte de fort durcissement du régime autocratique d’Aleksandr Loukachenko, nous dénonçons ces nouvelles atteintes à la liberté de la presse, qui visent à entraver la diffusion de toute information relative aux mouvements d’opposition dans le pays.
Alexandre Lochmankine, journaliste russe fondateur du site spécialisé sur les droits de l’homme Svoboda, a été expulsé du train Tcheliabinsk-Brest jeudi vers 1h du matin à Orch, à la frontière bélarusse. Après avoir été fouillé par deux officiers qui prétendaient chercher de la drogue, le journaliste a été arrêté pour insulte à agent et immédiatement condamné à trois jours de prison. Après les défenseurs des droits de l’homme Maxim Kitsyuk et Andrei Yurov, expulsés respectivement les 9 et 17 mars, Alexandre Lochmankine est la dernière victime en date d’un contrôle accru sur la circulation de personnes porteuses d’informations dérangeantes pour le pouvoir.
Ce même 24 mars, en début d’après midi, le bélarusse Ales Asiptsou, journaliste travaillant pour plusieurs médias indépendants dont BelaPAN, a également été condamné à trois jours de prison. Il a été arrêté près de sa maison à Mahilyou pour avoir “uriné dans un espace public”.
Les motifs ridicules invoqués pour justifier ces arrestations ne peuvent cacher leur véritable motivation : empêcher le travail de deux journalistes qui avaient l’intention de couvrir les célébrations (au demeurant discrètes) prévues par l’opposition le 25 mars, pour le 93ème anniversaire de la première république bélarusse indépendante et démocratique. Alexandre Lochmankine avait d’ailleurs obtenu légalement son accréditation.
Ces événements interviennent trois mois après la forte répression consécutive aux élections présidentielles très controversées du 19 décembre. Les pressions sur les journalistes qui avaient couvert les manifestations continuent, comme en témoigne la situation d’Andreï Pachobut,correspondant du journal polonais Gazeta Wyborcza. Après avoir purgé sa peine de quinze jours de prison, il s'est vu refusé son accréditation par le ministère des Affaires étrangères début mars, sous prétexte de “couverture biaisée de l’information”. Le journaliste ne peut donc plus travailler, sous peine d’amende, et a même été empêché de rejoindre la Pologne le 23 mars.
Dans ce contexte, le procès qui oppose Narodnaya Volya au ministère de l’Information revêt une grande importance. Le journal indépendant conteste un avertissement reçu pour “diffusion d’information sur une organisation n’ayant pas obtenue d’enregistrement légal”. Il avait été rappelé à l’ordre pour avoir cité Zmitser Dashkevitch, le dirigeant de “Molodoy Front” (Front de la jeunesse), organisation jugée illégale par le pouvoir, dans un article paru en septembre et qui traitait de la campagne de plusieurs mouvements d’opposition appelant à la démission du président Loukachenko. Pour Iosif Syaredzich, rédacteur en chef de Narodnaya Volya, c’est “un exemple de censure visant la presse indépendante”. Si la plainte du journal était rejetée, cela créerait un précédent intolérable : les médias ne pourraient plus citer le nom de groupes d’opposition non autorisés. Reporters sans frontières suit avec attention ce procès, dont la prochaine audience aura lieu le 28 mars.
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Publié le
Updated on
20.01.2016