La censure à l'œuvre
Organisation :
Reporters sans frontières demande la suspension de la censure préalable sur la presse exercée par le Conseil national de sécurité et condamne la poursuite des arrestations et des interpellations de journalistes.
Mohsen Mandegari, chef du service politique du quotidien Entekhab (Le Choix), a été convoqué le 7 octobre par le tribunal révolutionnaire de Téhéran et mis en détention jusqu'au lendemain, comme l'a confirmé Mohamad Mehdi Faghihi, rédacteur en chef du journal, lui-même convoqué et détenu quelques heures le même jour. Cette arrestation fait suite à la publication d'un article révélant les enjeux que représente, à l'intérieur du régime, la signature du protocole de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). Toute réflexion sur cette question est interdite par la censure mise en place par le Conseil national de sécurité (organe en charge de toutes les questions touchant à la sécurité de l'Etat).
Cette arrestation qui frappe un quotidien conservateur modéré est assez inhabituelle. Elle met en lumière les pratiques de censure préalable établies par le Conseil de sécurité national, dirigé par le président réformateur Mohammad Khatami, mais majoritairement composé de conservateurs. Chaque semaine, le Conseil envoie à tous les journaux une liste de sujets interdits, comme les manifestations étudiantes de 1999, la reprise du dialogue avec les Etats-Unis, l'affaire Kazemi et, plus récemment, tout ce qui concerne la signature de protocole de l'AIEA. Rapporter des faits ou des déclarations d'hommes politiques iraniens sur ces sujets est parfois possible, en revanche toute analyse sur ces questions est totalement prohibée.
La révélation du quotidien Entekhab reposait sur la mise à l'écart du Parlement et de l'organe présidentiel, officiellement en charge de la signature du protocole, au profit d'un comité ad hoc réuni par le Guide suprême de la République Islamique. « Cela fait déjà un an que nous subissons des pressions de la censure, qui ne touche pas que les seuls journaux réformateurs », a précisé Mohamad Mehdi Faghihi
Par ailleurs, les directeurs des journaux réformateurs Yas-e no, Sharq, Hambastegi et Baharaneh ont été convoqués cette semaine par le tribunal de Téhéran, sur plainte du Parquet et de son procureur Saïd Mortazavi. Quant à Abbas Abdi, toujours maintenu en isolement depuis plusieurs mois à la prison d'Evine et en grève de la faim depuis 28 jours, il a vu sa peine augmenter de cinq ans. Ce journaliste, grande figure du mouvement politique réformateur, avait été arrêté en février pour, entre autres, « avoir fourni des informations aux ennemis du régime islamique » et condamné à huit ans de prison. Sa peine avait été ramenée à quatre ans et demi en avril. Elle vient d'être prolongée de cinq ans pour une partie gardée secrète de l'acte d'accusation.
Publié le
Updated on
20.01.2016