RSF est intervenue devant la Commission des droits de l'homme des Nations unies sur l'assassinat de la journaliste et défenseur des droits de l'homme Benjaline Hernandez. Malgrè les premiers résultats de l'enquête, les militaires et le gouverneur accusent la journaliste d'être une rebelle tuée lors d'un affrontement.
Lors de son intervention devant la 58e session de la Commission des droits de l'homme des Nations unies à Genève, Reporters sans frontières a attiré l'attention de l'Assemblée sur l'assassinat de Benjaline Hernandez, le 5 avril 2002 dans la province de Cotabato (île de Mindanao), par des soldats de l'armée philippine.
Reporters sans frontières, qui dispose du statut consultatif spécial auprès des Nations unies, a déclaré :
"Il y a deux semaines à peine, Benjaline Hernandez, journaliste et militante de l'organisation de défense des droits de l'homme Karapatan, a été assassinée alors qu'elle enquêtait sur l'application du processus de paix dans la province de Cotabato sur l'île de Mindanao, aux Philippines. La journaliste, âgée de vingt-deux ans, a été abattue en compagnie de trois personnes originaires de cette région, par des soldats de l'armée des Philippines. Après avoir blessé les quatre jeunes gens, les militaires les ont achevés à bout portant. Malgré les résultats, accablants pour l'armée, de l'autopsie et de l'enquête préliminaire, les autorités affirment que Benjaline Hernandez et ses compagnons étaient des "rebelles".
Le cas de Benjaline Hernandez est dramatique et exemplaire à la fois. Dramatique puisque les forces de sécurité, censées protéger les populations civiles, sont, dans bien des pays, les principaux ennemis des défenseurs des droits de l'homme. Exemplaire puisque les autorités n'hésitent pas à comparer les défenseurs des droits de l'homme à des ennemis. Les journalistes sont alors traités comme des rebelles, du simple fait qu'ils exposent les exactions des forces de sécurité."
Reporters sans frontières a demandé à la représentante spéciale du secrétaire général sur les défenseurs des droits de l'homme de suivre avec beaucoup d'attention l'enquête sur la mort de Benjaline Hernandez. En effet, les autorités militaires et le gouverneur de la province de Cotabato continuent à soutenir que Benjaline Hernandez et ses trois compagnons étaient des rebelles tués lors d'un accrochage. Selon le gouverneur Emmanuel Day, les notes et le journal de bord de la jeune journaliste démontrent qu'elle appartenait à la Nouvelle armée du peuple (NPA), active dans cette vallée d'Arakan. Mais l'autopsie, conduite par le Bureau national d'enquête (NBI), a déjà montré que la journaliste et ses compagnons avaient été blessés puis achevés à bout portant. La famille et les collègues de Benjaline Hernandez démentent formellement qu'elle soit une rebelle de la NPA et affirment que les auteurs du crime sont des membres de la 12e Compagnie des forces spéciales et du 7e Bataillon de parachutistes de l'armée philippine dirigés par le sergent Antonio Torella.