Philippines : à l’approche d’un procès historique, RSF appelle à la libération de la journaliste Frenchie Mae Cumpio, qui risque jusqu'à 40 ans de prison

Maintenue en détention provisoire depuis quatre ans, la journaliste philippine Frenchie Mae Cumpio doit comparaître devant le tribunal le 11 novembre. Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement philippin à abandonner immédiatement les charges montées de toutes pièces contre elle, pour lesquelles elle encourt une peine pouvant aller jusqu'à 40 ans de prison.

Lundi 11 novembre, la journaliste d'investigation Frenchie Mae Cumpio doit être entendue par le tribunal régional de Tacloban, dans l'est des Philippines. Après plus de quatre années de détention, où elle a été incarcérée sur la base d'accusations forgées de toutes pièces, elle aura enfin l'occasion de se défendre en justice.

Arrêtée en février 2020, la journaliste est accusée de “financement du terrorisme” et de “possession illégale d’armes à feu”, des chefs d’accusation pour lesquels elle risque une peine de 40 ans de prison. Les circonstances de son arrestation soulèvent de graves questions : les militaires qui ont fouillé son domicile affirment y avoir découvert une arme et une grenade. Pourtant, des enquêtes menées par des organisations de défense des droits humains montrent que les preuves auraient été manipulées par l’armée pour l’incriminer.

Journaliste d’investigation et directrice d’Eastern Vista, un site d’information membre du réseau indépendant AlterMidya, Frenchie Mae Cumpio animait également une émission sur la station de radio Aksyon Radyo-Tacloban DYVL, où elle dénonçait les abus de l’armée et de la police dans la région Visayas orientales des Philippines.

“Frenchie Mae Cumpio, qui a courageusement rapporté des abus commis par l'armée, est clairement la cible d’une persécution visant, par extension, à décourager tous les journalistes philippins d’enquêter sur des sujets sensibles. À l’approche de ce procès historique, nous appelons le ministère de la Justice à abandonner toutes les charges de terrorisme qui pèsent contre elle.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Son cas illustre tristement la pratique du “red-tagging” au Philippines, une pratique qui consiste à qualifier de “subversifs” voire de “terroristes” les journalistes qui enquêtent sur des sujets sensibles pour le gouvernement. Malgré les menaces et les intimidations dont elle a été la cible pendant des mois, Frenchie Mae Cumpio a poursuivi ses enquêtes jusqu’à son arrestation.

Avec 204 meurtres recensés depuis la restauration de la démocratie en 1986, les Philippines sont l'un des pays les plus dangereux pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse. L’archipel se classe au 134e rang sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

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