Reporters sans frontières s’inquiète pour les journalistes et les médias présents dans la capitale qui sont délibérément visés par les rebelles houthis en raison de leurs activités professionnelles. L’organisation exhorte la rébellion à respecter le cessez-le-feu et à mettre un terme à ces exactions contre les professionnels de l’information et les institutions médiatiques.
Le 23 septembre 2014, les rebelles houthis ont
pris pour cible le domicile de
Saif Mohamed Ahmed Al-Hadari, directeur de la Fondation Al-Shoumou’ pour les médias,
propriété du général Ali Mohsen Al-Ahmar, qui publie le quotidien
Akhbar Al-Youm, avant d’enlever un de ses proches. Selon nos sources, ils ont également attaqué et pillé le siège de la fondation.
Les rebelles ont également
arrêté, le 23 septembre 2014, le photographe de renom
Mohamed Imad - connu pour son travail depuis la révolution de 2011 - alors qu’il passait dans une ruelle du quartier d’Al-Sanina à Sanaa. Le journaliste a été relâché quelques heures plus tard après avoir été fouillé et interrogé. Son téléphone portable a été confisqué.
Suite à la prise d’assaut du domicile de deux de ses journalistes le 19 septembre,
la chaîne Yemen Shabab TV a ainsi décidé de transférer son siège dans un lieu gardé secret et de diffuser d’anciens programmes, de peur d’être attaquée.
Craignant pour leur sécurité, nombre de journalistes se cachent et préfèrent s’auto-censurer ou adapter leurs discours de
peur de représailles.
A la recherche d’armes, les rebelles ont également procédé à la
fouille et au pillage d’un certain nombre d’habitations, parmi lesquelles le domicile de
Moubarak Al-Achoual, journaliste pour
Al-Masdar, et celui de
Youssef Al-Qadi, journaliste à
Al-Masdar et pour la chaîne
Al-Jazeera. Le
domicile de l’ancien directeur de la télévision nationale,
Abdelghani Al-Shamiri, a également été pris pour cible.
Les rebelles qui contrôlent depuis le 22 septembre la chaîne
Suhail TV, propriété du cheikh Hamid Al-Ahmar, en ont par ailleurs
interdit l'accès au syndicat des journalistes et aux militants des droits de l’homme venus faire l’estimation du montant des dégâts causés.
A noter que lors de la signature de l’accord de cessez-le-feu, les rebelles ont
refusé de signer une annexe concernant le désarmement des milices dans la capitale et ses provinces ainsi que le retrait des combattants de Sanaa et des provinces de Jawf et Amran dans un délai de 45 jours.
La crise actuelle, avec son
lot d’attaques contre les médias et les journalistes, met en danger le processus de transition politique dans laquelle s’était engagé le pays. Elle est source de sérieuses inquiétudes pour le respect des libertés fondamentales, au premier rang desquelles la liberté de l’information.