Iran : les journalistes Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi ne doivent pas retourner en prison
Libérées provisoirement en janvier après 17 mois en détention, les journalistes Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi ont reçu une convocation à la prison par la justice iranienne pour purger leur peine. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités iraniennes à annuler leur convocation et les peines injustes frappant ces journalistes.
La correspondante du quotidien Shargh Daily Niloofar Hamedi, et sa consœur du quotidien Ham-Mihan Elaheh Mohammadi risquent de retourner en prison dans quelques jours. Elles avaient été libérées provisoirement sous caution en janvier, alors qu’elles attendaient le verdict de l’appel de leur condamnation. La cour d’appel les a disculpées en août de l’accusation de “collaboration avec le gouvernement des États-Unis”, mais les a condamnées à cinq ans d'emprisonnement chacune pour les charges de “complot et collusion pour commettre un crime contre la sûreté nationale” et de “propagande contre la République islamique”.
Le 13 octobre 2024, un juge iranien a statué que les deux journalistes iraniennes emblématiques du mouvement “Femme. Vie. Liberté” – emprisonnées pendant un an et demi en 2022 pour leur travail de journalisme – devraient retourner en prison, sans préciser de date.
S'adressant au média phare du pays, Shargh Daily, le samedi 19 octobre, l'avocat de Niloofar Hamedi a déclaré que la justice avait demandé à la journaliste de se rendre à la prison “dans les cinq jours”. Le quotidien Ham-Mihan a rapporté à son tour qu'Elaheh Mohammadi avait elle aussi reçu un avis l'informant du début de sa peine de cinq ans d'emprisonnement dans les mêmes délais, selon Iran Wire.
“Cette farce judiciaire continue de persécuter deux des journalistes les plus emblématiques du pays. Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi ont déjà passé 17 mois derrière les barreaux pour leur travail journalistique, et neuf mois supplémentaires suspendues entre la liberté et la détention, menacées d'être emprisonnées à tout moment. Ce moment est arrivé. Nous dénonçons avec la plus grande fermeté la convocation en prison des deux reporters, et demandons à la justice iranienne d'annuler toutes les charges contre elles, et de leur accorder la liberté totale et inconditionnelle.”
Mobilisation pour protéger les journalistes
Des milliers de personnalités iraniennes appellent aussi à leur amnistie et à l’annulation de leurs peines. En réaction à cette convocation, une lettre signée par des centaines de journalistes, artistes et militants a été adressée au chef du pouvoir judiciaire lui demandant d'arrêter l'exécution de la peine.
Iran, l'une des plus grandes prisons pour les femmes journalistes
Au moins cinq journalistes femmes sont détenues en Iran depuis le 16 septembre 2022, date de la mort de l’étudiante kurde Mahsa Amini en garde à vue à Téhéran. Elles subissent toutes les conséquences de leur couverture du mouvement Femme. Vie. Liberté qui s’en est suivi. Arrêté le 22 septembre 2022 pour avoir annoncé la mort de Mahsa Amini depuis l'hôpital, Niloofar Hamedi a été parmi les premières à être enfermée. Sept jours plus tard, elle est rejointe par Elaheh Mohammadi, la seule journaliste à avoir couvert les funérailles de la jeune kurde à Saqqez.
À ce bilan s’ajoute le nom de Narges Mohammadi, journaliste et militante des droits des femmes emprisonnée plusieurs fois depuis 13 ans, et privée depuis des semaines de suivi médical selon ses proches. Comme plusieurs de ses consœurs, Narges Mohammadi est détenue à la tristement célèbre prison d’Evin, où Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi ont ordre de se rendre jeudi.