Alors que l'Iran vient d'échapper, pour la première fois en dix-neuf ans, à une résolution de sanction à la Commission des droits de l'homme de l'ONU, RSF s'inquiète du sort de Siamak Pourzand, emprisonné et gravement malade.
En dépit des récentes libérations sous caution de journalistes ces dernières semaines, Reporters sans frontières (RSF) s'inquiète vivement du sort du journaliste Siamak Pourzand (voir photo), soixante et onze ans, dont la famille est sans nouvelles depuis plusieurs semaines. L'organisation est, par ailleurs, outrée par le fait que l'Iran n'ait pas été condamné par la Commission des droits de l'homme de l'ONU, à Genève. "C'est la première fois depuis dix-neuf ans que l'on assiste à une telle aberration. C'est scandaleux : chacun sait que le régime iranien bafoue quotidiennement le droit d'expression", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Avec douze professionnels des médias derrière les barreaux, l'Iran détient le triste record d'être la plus grande prison pour journalistes au Moyen-Orient. L'organisation rappelle que le Guide de la république islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, figure sur sa liste des prédateurs de la liberté de la presse. L'organisation demande leur libération immédiate.
Depuis la dernière visite de la sœur du journaliste, début mars, au centre de détention d'Amaken, à Téhéran, la famille de Siamak Pourzand est sans nouvelles de lui. Elle est d'autant plus inquiète que le journaliste semblait alors très malade à cette date. Le 8 mars, il avait téléphoné à sa fille aux Etats-Unis pour lui confirmer l'ouverture, le 6 mars, de son procès. Il avait ajouté : "Désormais, vous pouvez me compter parmi les morts."
Dans le même temps, le journaliste déclarait, au quotidien officiel Iran, accepter toutes les charges retenues contre lui. S'estimant coupable, le journaliste avait ajouté qu'il n'avait pas à se défendre. RSF avait alors fait part de son inquiétude quant aux pressions psychologiques subies par Siamak Pourzand lors de sa détention pour le forcer à avouer. Le verdict du procès devrait être rendu prochainement.
Le journaliste avait été enlevé par les forces de sécurité le 29 novembre 2001. Les autorités iraniennes étaient restées muettes quant à cette disparition. Durant les quatre premiers mois de sa détention, dont le lieu était demeuré secret, Siamak Pourzand n'avait pu avoir accès ni à un avocat ni à des soins médicaux. A la tête du centre artistique et culturel de Téhéran, il avait également travaillé comme commentateur culturel pour plusieurs journaux réformistes qui sont actuellement tous fermés.