Hong Kong : RSF exprime sa vive inquiétude après l’élection du nouveau chef de l'exécutif John Lee, qui fut le bras armé de Carrie Lam contre la liberté de la presse
Reporters sans frontières (RSF) s'inquiète de l’élection à la tête de l'exécutif de John Lee, qui en tant qu'ancien chef de la sécurité et chef de l’administration, a joué un rôle clé dans le démantèlement de la liberté de la presse à Hong Kong durant le mandat de sa prédécesseure Carrie Lam.
Le 8 mai 2022, après un suffrage en petit comité auquel il était l'unique candidat et pour lequel il a reçu le plein appui de Pékin, le haut-fonctionnaire hongkongais John Lee a été élu chef de l’exécutif de la région administrative spéciale chinoise. John Lee, 64 ans, prendra ses fonctions le 1er juillet, date qui marque aussi le 25ème anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine. Cet ancien officier de police, qui a récemment exercé les fonctions de chef de la sécurité (2017-2021) et de chef à l'administration (juin 2021-avril 2022), a joué un rôle clé dans le démantèlement de la liberté de la presse orchestré par la cheffe de l’exécutif Carrie Lam suite à l’adoption de la loi de sécurité nationale par le régime chinois il y a deux ans et a fait de l’adoption d’une loi de sécurité locale une priorité de son mandat.
« John Lee est l’un des responsables de l’actuelle campagne contre le journalisme indépendant à Hong Kong, et nous avons toutes les raisons de craindre qu’il intensifie la répression durant son mandat de chef exécutif”, commente le directeur du bureau Asie de l'Est de Reporters sans frontières (RSF), Cédric Alviani, qui appelle les démocraties à « faire davantage pression sur le régime de Pékin pour qu’il abandonne ses politiques autoritaires et qu’il rétablisse la liberté de la presse en Chine continentale et à Hong Kong. »
Une campagne sans précédent contre le journalisme
En 2021, alors qu’il était encore chef de la sécurité, John Lee a imposé la fermeture du média indépendant Apple Daily en gelant ses actifs, et a supervisé une descente de police impiquant 200 agents au siège du média indépendant Stand News et l'arrestation des membres de son équipe.
Pendant les cinq années de mandat de Carrie Lam, la prédécesseure de John Lee, et en particulier en 2020 et 2021, le gouvernement hongkongais a mené une campagne sans précédent contre le journalisme indépendant à Hong Kong, qui a abouti à la fermeture de deux médias indépendants, Apple Daily et Stand News, et à la mise en cause judiciaire d'au moins vingt journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, dont Jimmy Lai, fondateur d'Apple Daily et lauréat du Prix RSF de la liberté de la presse 2020.
Dans son dernier rapport d’investigation, Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, publié le 7 décembre 2021, RSF révélait la campagne de répression sans précédent menée ces dernières années par le régime chinois contre le journalisme et le droit à l'information dans le monde entier.
Hong Kong, autrefois un bastion de la liberté de la presse, a chuté du 80e rang en 2021 au 148e rang dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2022, marquant la chute la plus importante de l’année.