Après 22 jours de conflit - qui a fait plus de 1100 victimes du côté palestinien et causé la mort de 47 soldats et trois civils israéliens -, l’armée israélienne a bombardé, le
29 juillet à l’aube, le siège de la télévision du Hamas,
Al-Aqsa TV, situé dans le quartier de Nasser (nord-est de la ville de Gaza). Malgré la destruction d’une partie des équipements et du matériel, les programmes de la chaîne continuent d’être diffusés, grâce à des studios clandestins. Quarante-cinq minutes plus tard, c’était au tour de la radio du Hamas,
Al-Aqsa, située dans la tour Al-Shourouq (quartier de Rimal, au centre-ville de Gaza), d’être visée. Cette attaque n’a pas fait de blessés parmi les employés de la radio, qui a depuis cessé d’émettre. La tour abritant plusieurs bureaux de médias, nombreux sont ceux à avoir été endommagés. Les bureaux d’
Al-Aqsa TV situés dans Burj Al-Shourouq avaient déjà été la cible de bombardement deux jours plus tôt, l
e 27 juillet. Selon
les déclarations de son directeur général Sa’ed Radwan au Palestinian Center for Development and Media Freedoms (
MADA), une roquette a visé le 15ème étage de la tour abritant les locaux de la chaîne du Hamas. L’attaque a occasionné de nombreux dégâts matériels, endommageant ainsi une partie des équipements de travail.
Reporters sans frontières condamne fermement ces tirs délibérés de l’armée israélienne contre les médias du Hamas, et rappelle que le seul fait qu’il s’agisse de médias de propagande n’est pas suffisant pour en faire des cibles militaires. En effet, le Comité d’experts établi par le procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie pour analyser la campagne de bombardement de l’Otan en 1999 avait précisé qu’un journaliste ou un média n’est pas “une cible légitime” du seul fait qu’il diffuse de la propagande”. “Les attaques contre des cibles civiles constituent des crimes de guerre et des infractions graves aux Conventions de Genève pour lesquels les responsabilités doivent être établies”, avait pour sa part estimé Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation, le 18 novembre 2012 lors de l’opération “Pilier de défense”.
Le 24 juillet 2014,
Abdurrahman Abu Hina, programmateur à la chaîne
Al-Kitab TV, a été
tué lors de bombardements de l’armée israélienne sur le quartier de Al-Shuja’iya, dans l’est de Gaza, alors qu’il était venu rendre visite à sa famille.
Cette attaque a également coûté la vie à 60 personnes, parmi lesquelles le frère et le grand-père du journaliste, tous deux présents au domicile familial.
Le 23 juillet 2014,
Saber Ibrahim Nour Eddine, photographe à l’agence de presse allemande
Deutsche Presse-Agentur, a été blessé par des fragments d’obus tirés par l’armée israélienne, alors qu’il était en train de couvrir - avec d’autres confrères - la levée de corps dans le quartier de Al-Shuja’iya. Il a été transporté à l’hôpital de Al-Shifa à Gaza pour y recevoir les premiers soins. La veille,
Sakher Madhat Abou Al-Aoun, journaliste à l’
AFP, a été blessé au visage suite à des tirs de missile de l’armée israélienne, à proximité de l’hôpital d’Al-Shifa à Gaza.
Le 21 juillet, le cameraman de la chaîne
Palestine Today,
Sami Thabet, a été blessé aux abords de l’hôpital Al-Aqsa, à Deir El Balah. Le journaliste était sur place pour couvrir l’arrivée des blessés, quand l’hôpital a été
visé par une frappe israélienne, faisant 70 blessés, dont 20 employés de l’hôpital.
Pendant ce temps en Israël et en Cisjordanie
Tandis que l’offensive israélienne sur la bande de Gaza est au coeur de l’actualité, plusieurs villes de Cisjordanie s’embrasent, en réaction aux exactions commises depuis le début de l’opération ‘Bordure protectrice’. Au total, neuf Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, six pour la seule journée du 25 juillet, décrétée “Jour de colère”, de nombreux autres ont été blessés.
Venus couvrir les nombreuses manifestations qui ont secoué les villes de Cisjordanie, plusieurs journalistes palestiniens figurent parmi les blessés. Le 26 juillet, le journaliste
Rami Al-Khatib et le photographe de l’agence de presse turque,
Agence Anatolie,
Moaz Mish’al ont été touchés par des balles en caoutchouc, alors qu’ils étaient en train de couvrir des heurts survenus à Beit El (nord de Jérusalem) opposant des Palestiniens à l’armée israélienne. La veille, le journaliste
Thaer Abu Baker a été blessé à Jénine (nord de la Cisjordanie) par des tirs de l’armée israélienne.
Nader Beibars, producteur du programme hebdomadaire “Good Morning Jerusalem”, diffusé sur la chaîne
Palestine TV, a été touché par une balle en caoutchouc dans le quartier de Wadi Al-Joz à Jerusalem, le 24 juillet. Durant la même journée, plusieurs acteurs de l’information ont également été blessés, parmi lesquels
Zakkariyya Al-Salhi, éditeur à
Ramsat company, et
Shadi Hatem, photographe de
Raya FM, qui ont essuyé des tirs de l’armée israélienne qui tentait alors de disperser une
manifestation palestinienne au point de passage de Qalandia (nord de Jérusalem).
Le 23 juillet, les forces de sécurité israélienne ont arrêté le correspondant de
Raya FM,
Mahmoud Abu Khdeir, à son domicile situé dans le quartier de Shuafat. Selon
l’ONG MADA, le journaliste devrait comparaître devant un tribunal israélien le 28 juillet. Le 21 juillet, le photographe freelance
Amjad Arafa a été blessé à l’épaule près de l’hôpital d’Al-Makassed à Jerusalem Est, avant d’y être transporté pour recevoir les premiers soins.
Durant la même journée, un correspondant de la
BBC Arabic a été violemment pris pour cible par un citoyen israélien.
Firas Al-Khatib, était en plein direct depuis la frontière avec Gaza, lorsqu’un citoyen israélien l’a physiquement et verbalement
agressé devant la caméra, avant qu’un membre de l’équipe télé n’intervienne pour protéger le journaliste.
Par ailleurs, en plus de la censure militaire imposée aux médias, les autorités israéliennes entendent contrôler le contenu des programmes : l’autorité de diffusion israélienne (Israeli Broadcasting Authority) a en effet interdit le 24 juillet dernier, la diffusion d’un spot réalisé par l’ONG israélienne
B’Tselem, et dans lequel le nom de 150 enfants tués à Gaza ont été cités. A travers cette initiative, l’ONG B’Tselem avait pour but de susciter le débat au sein de la société israélienne, notamment sur la question des attaques contre des civils, et plus particulièrement les enfants. La décision de l’IBA d’interdire la diffusion de ce spot sur les ondes israéliennes, a été motivée par le contenu, jugé “
politiquement controversé”. B’Tselem a fait savoir qu’elle présentera une demande devant la Cour suprême israélienne pour invalider cette décision.