Gabon: black-out sur l’information à la suite des troubles post-électoraux
Vingt-quatre heures après la proclamation de la victoire du président sortant Ali Bongo Ondimba le 31 août, les troubles qui ont éclaté dans tout le pays ont touché l’ensemble des médias, et empêchent les journalistes de travailler. RSF appelle toutes les parties au calme afin que l’information circule à nouveau au Gabon.
Quelques heures après l’annonce de la réélection d’Ali Bongo Ondimba par la commission électorale, à 23 h le 31 août, le réseau internet et les communications par SMS étaient coupées. Vers 3 heures du matin, le siège de la Radio-Télévision Nazareth, appartenant à un grand soutien de l’opposant Jean Ping, et qui avait largement couvert la campagne, a été attaqué par des militaires gabonais. Impossible de savoir à quel corps ils appartiennent, selon les témoins, car ils étaient cagoulés. Le siège de la télévision a été incendié et tout son matériel saccagé. Des coups de feu ont été tirés, et bien qu’aucun journaliste n’ait été blessé, plusieurs ont été malmenés par les forces de l’ordre.
Auparavant dans la journée, un groupe de manifestants avait incendié l’Assemblée nationale, et dans la foulée, tenté de prendre les locaux de la Radio télévision nationale, bien défendue par des gendarmes. Les manifestants se sont repliés mais barrent depuis l’accès au média, dont le personnel a quitté les lieux par peur des violences. Depuis plus de 24 heures donc, plus aucune information fraîche ne sort de la télévision ou de la radio nationales. Le pays est dans une situation de black out quasi total.
Un journaliste joint par RSF, témoigne qu’il se cache car des pillages sont en cours dans la ville et il est impossible de sortir couvrir ce qui se passe. Un de ses proches parti chercher le journal n’a pu trouver aucun exemplaire, les kiosques n’ayant probablement pas été livrés. Les transports en commun sont coupés et l'administration ne fonctionne pas.
“Nous appelons les autorités gabonaises à protéger les médias et à rétablir les moyens de communication, déclare Reporters sans frontières. Dans ce genre de crise, l’information est plus essentielle que jamais pour éviter que les citoyens se mettent en danger et pour atténuer la psychose, sans même parler du droit du peuple gabonais de savoir ce qui se passe sur le plan politique. Un appel au calme de toutes les parties, y compris du candidat Jean Ping, est nécessaire afin de permettre la fin des violences et aux médias de recommencer à fonctionner.”
L’organisation de l’élection présidentielle a été critiquée par l’Union européenne, et plusieurs voix de la communauté internationale ont demandé la publication de l’ensemble des procès verbaux des bureaux de vote afin de mettre un terme aux suspicions de fraude. Dès l’annonce des résultats, les partisans de l’opposition sont descendus protester dans la rue et des violences ont rapidement suivi.
Le Gabon occupe la 100e place sur 180 pays dans l’édition 2016 du Classement de la liberté de la presse établi par RSF.