Evan Gershkovich : 100 jours en prison, c’est 100 jours de trop
Au cap symbolique des 100 jours de détention du journaliste Evan Gershkovich en Russie, Reporters sans frontières (RSF) demande au gouvernement américain de faire tout son possible pour obtenir la libération du reporter du Wall Street Journal.
Evan Gershkovich a été arrêté en Sibérie occidentale le 29 mars 2023. La Russie accuse le journaliste de Wall Street Journal d'espionnage bien que sa détention relève clairement de la prise d’otage institutionnelle. RSF appelle le gouvernement américain à faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la libération de Gershkovich sans plus attendre.
“Cent jours en prison, c’est cent jours de trop pour punir un journaliste qui n’a fait que son travail. RSF demande la libération immédiate d’Evan Gershkovich et apporte son soutien à sa famille durant cette épreuve. Sa détention marque une nouvelle escalade dans la guerre que Vladimir Poutine mène contre la presse indépendante, étendant sa répression au-delà des médias russes qui ont déjà été considérablement affaiblis.
Malgré l’indignation internationale soulevée par l’arrestation d’Evan Gershkovich, la Russie reste campée sur ses positions et refuse de libérer le journaliste. En juin, un tribunal de Moscou a prolongé sa période de détention provisoire. Le 4 juillet, l’ambassadeur américain en Russie a rendu visite à Gershkovich en prison et a déclaré qu’il paraissait en bonne santé. RSF appelle l’ONU à se saisir de son cas.
Les parents d’Evan Gershkovich ont fui l’Union soviétique pour les États-Unis, mais il est retourné en Russie et a fait de Moscou sa deuxième maison. Ses collègues du Wall Street Journal le décrivent comme “un journaliste passionné et rigoureux”.
La Russie a l’habitude de réprimer la liberté d’expression, et ce encore plus depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022. Les autorités russes utilisent régulièrement les amendes et la détention pour intimider les journalistes. Les médias sont aussi sous la menace d’une inscription arbitraire sur la liste des “agents étrangers” – un statut qui implique de lourdes entraves bureaucratiques et des risques juridiques –, ou encore sur la liste des “organisations indésirables”, qui leur interdit de facto l’accès à la Russie.
Confrontés aux risques supplémentaires qu’ils encourent depuis le début de la guerre en Ukraine, des centaines de journalistes russes travaillant pour des médias indépendants ont été contraints de s’exiler.
La Russie figure au 164e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2023 publié par RSF.