En pleine crise pandémique, RSF exige la libération du reporter indien Siddique Kappan, atteint de la Covid-19
Alité de force depuis près d’une semaine, le journaliste, détenu depuis plus de six mois, se trouve dans un état critique. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités provinciales de l’Uttar Pradesh, où il est retenu, d’ordonner sa libération immédiate.
Cela fait six jours qu’il est maintenu enchaîné à son lit d’hôpital, sans avoir accès à une alimentation normale ni de possibilité de se rendre aux toilettes. Le reporter Siddiqui Kappan a été transféré au Collège médical K.M. de la ville de Mathura, en Inde du nord, le mercredi 21 avril, après avoir été testé positif à la Covid-19. La veille, il s’était effondré de faiblesse dans la prison de la ville, où il était maintenu en détention depuis son arrestation, il y a plus de six mois - arrestation dont RSF s’était alors fait l’écho.
Contacté par RSF, l’avocat du journaliste, Me Wills Mathews, a transmis une copie d’une lettre qu’il a envoyée au président de la Cour suprême indienne. Il y demande l’interruption immédiate du séjour de son client à l’hôpital où il est retenu, quitte à le renvoyer dans la prison de Mathura, où le reporter serait de toute façon mieux traité. Il s’agit, selon l’avocat, d’une question humanitaire de première urgence. Le reporter souffre notamment de diabète et de problèmes cardiaques.
“La détention abusive de Siddique Kappan vire au pire des cauchemars, au point qu'il s'agit désormais d’une question de vie ou de mort, déplore le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous demandons au Premier ministre de l’Etat d’Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, d’ordonner immédiatement la libération du reporter, qui n’aurait jamais dû être arrêté pour avoir simplement tenté de faire son travail. Dans le cas contraire, les autorités provinciales seront jugées directement responsables de son décès éventuel.”
Censure
Siddique Kappan avait été arrêté le 5 octobre 2020, alors qu’il tentait de couvrir une sordide affaire d’agression sauvage et de viol collectif sur une jeune fille de 19 ans issue de la caste des dalits, anciennement appelés “intouchables”.
La pandémie de Covid-19 a pris ces derniers jours des proportions alarmantes en Inde, avec une hausse catastrophique des cas et des hôpitaux largement débordés. Afin de couvrir le feu des critiques, le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi a exigé ces derniers jours que Facebook, Instagram et Twitter suppriment plusieurs centaines de messages consacrés à la situation sanitaire - ce à quoi les plateformes se sont pliées.
Prétextant une lutte contre la propagation de rumeurs et de fausses informations, les autorités ont en réalité demandé la censure de dizaines de messages postés sur les réseaux sociaux par des journalistes, comme l’a révélé le site d’information Medianama.
L’Inde se situe à la 142e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2021 par RSF.