Reporters sans frontières exprime sa vive indignation suite à la condamnation moyenâgeuse de deux journalistes et photographes, Khalil Emami et Abass Alipour, à respectivement 25 et 50 coups de fouet, par la 102e chambre du tribunal de la ville de Qazvin.
Les deux photographes iraniens
Khalil Emami et
Abass Alipour ont été condamnés à 25 et 50 coups de fouet par la 102e chambre du tribunal de la ville de Qazvin, a-t-on appris le 13 août. Selon le journal en ligne
Sedayeqazvin, les condamnations font suite à une plainte déposée par le conseiller culturel du préfet de Qazvin contre les deux photographes et le journal en question. Le fonctionnaire a initié une procédure après la publication de deux articles qui lui ont déplu : l’un ,
rédigé par le célèbre photographe Khalil Emami, critiquait simplement un album photo publié par la mairie de Qazvin; l’autre,
signé Abass Alipour, répondait aux
insultes proférées par le conseiller du préfet contre le premier article. Le conseiller culturel avait annoncé son intention de porter plainte, sauf si le journal venait à s’excuser, ce qu’il a refusé.
“Alors que de nombreux pays ont choisi de supprimer les peines privatives de liberté pour les délits de presse, la justice iranienne continue d’infliger des supplices dignes du Moyen-Age pour des motifs absurdes. La condamnation de deux photographes à des coups de fouet, pratique d’un autre temps, illustre le mépris des autorités iraniennes pour les journalistes, déclare Reza Moini, responsable du bureau Iran de Reporters sans frontières. Nous demandons l’annulation de ces sévices physiques et exhortons (une fois de plus) la République islamique d’Iran à respecter les conventions internationales. Elle doit mettre fin à ces ‘traitements cruels, inhumains et dégradants’ et reconnaître enfin 'la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine'.”
Le cas de Khalil Emami et Abass Alipour n’est malheureusement pas isolé. Ces cinq dernières années, au moins une cinquantaine de journalistes et net-citoyens ont été condamnés à ces traitements inhumains. Collaboratrice pour les rubriques culturelles de plusieurs journaux,
Marzieh Rasouli a été condamnée à une peine de 50 coups de fouet en plus de ses deux ans de prison ferme. Elle est détenue depuis le 8 juillet 2014.
Arash Honarvar Shojai, théologien et blogueur, emprisonné depuis le 28 octobre 2010, avait également été condamné à 50 coups de fouet en plus de sa peine à quatre ans de prison. Toujours incarcéré, il est gravement malade et souffre d’un manque de soins. Le net-citoyen
Saïd Haeri, incarcéré depuis le 12 décembre 2012, qui purge une peine de deux ans de prison ferme à la prison d’Evin, a également été condamné à 74 coups de fouet.
L’Iran, l’un des pays les plus répressifs au monde en matière de liberté de l’information, occupe la 173e place sur 180 pays du Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.