Kanak Mani Dixit, célèbre directeur du magazine en népalais Himal Khabarpatrika, a été interpellé et interrogé pendant quelques heures à Katmandou. Il s'est montré critique du coup de force du roi Gyanendra. Reporters sans frontières demande aux autorités de cesser les arrestations arbitraires de journalistes et les convocations intempestives.
La police a arrêté, le 8 mars, Rishiram Pokhrel, directeur de l'hebdomadaire local Tanahu Aawaj, à Tanahu (Ouest) alors qu'il couvrait une manifestation pacifique en faveur du retour de la démocratie. Il est détenu au commissariat de Damauli.
De son côté, le photographe Ashish Sarraf, plus connu sous le nom de Nikki, a été interpellé à Janakpur (Sud) alors qu'il prenait des clichés de manifestations d'opposants au roi Gyanendra. Il est détenu au commissariat de Dhanusha.
Par ailleurs, Kamal Koirala, directeur de l'hebdomadaire Roadmap et haut responsable du parti d'opposition communiste CPN-UML, a été arrêté par la police à Katmandou. Les motifs de son arrestation ne semblent pas liés à ses activités de directeur de publication.
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8.03.2005
Au moins six journalistes arrêtés en quinze jours
Alors que le porte-parole du gouvernement, Tanka Dhakal, a déclaré qu'il n'existait "aucun contrôle du gouvernement sur les médias", au moins six journalistes ont été arrêtés au cours des deux dernières semaines. Par ailleurs, la censure s'est renforcée, avec l'interdiction à la presse d'utiliser des sources d'information autres que les forces de sécurité à propos de la situation sécuritaire dans le pays.
Reporters sans frontières est outrée par les propos d'un ministre dont la seule légitimité est d'avoir été porté au pouvoir par un coup de force. L'organisation demande aux autorités de cesser les arrestations arbitraires de journalistes et les convocations intempestives.
Neuf journalistes sont actuellement détenus au Népal et au moins six autres se cachent pour échapper aux arrestations.
Le 4 mars 2005, Tanka Dhakal, porte-parole du gouvernement et ministre de l'Information et de la Communication, a déclaré à Nepalgunj (sud-ouest du pays) que le gouvernement n'avait imposé aucun type de contrôle aux médias népalais. "La presse est libre d'écrire quoi que ce soit, à l'exception de ce qui encourage le terrorisme", a-t-il déclaré.
Trois jours plus tard, Kanak Mani Dixit, célèbre directeur du magazine en népalais Himal Khabarpatrika, a été interpellé et interrogé pendant quelques heures à Katmandou. De retour d'Inde où il était intervenu lors d'une conférence sur la crise politique au Népal, le journaliste a été arrêté par des policiers en civil à son domicile.
Kanak Mani Dixit, également directeur du groupe de presse Himal Media qui publie notamment l'hebdomadaire Nepali Times, s'est montré critique du coup de force du roi Gyanendra du 1er février 2005.
Le 3 mars, les forces de sécurité ont arrêté Lavadev Dhungana, directeur de l'hebdomadaire Panchthar Times et correspondant du quotidien Rajdhani dans le district de Panchthar (est du pays). Il serait accusé d'avoir publié des articles sur des manifestations locales en faveur de la démocratie. L'administration aurait émis un ordre de détention à son encontre pour avoir troublé l'ordre public.
Le 26 février, Narayan Shah, de l'hebdomadaire Drishti à Rukum, a été retenu pendant trois heures par l'armée. Le reporter est également un responsable local de la Fédération des journalistes népalais (FNJ).
Le 22 février, Arjun Prasad Shah, directeur de l'hebdomadaire Batabaran, et Monohar Pokhrel, directeur de l'hebdomadaire Jana Aakrosh, ont été arrêtés dans le district de Saptari par l'armée. Les deux journalistes sont des responsables locaux de la FNJ.
Par ailleurs, Swagat Nepal, reporter du quotidien Nepal Samacharpatra, a été détenu, le 21 février, pendant plus de quatorze heures par des militaires à Katmandou.
De son côté, Surya Thapa (photo), directeur de l'hebdomadaire d'opposition Budhabar, a été convoqué et interrogé, les 4 et 7 mars, par Baman Prasad Neupane, chef du Bureau de l'administration du district de Katmandou, qui lui a demandé des explications à propos d'un article intitulé "Cinq partis unis contre l'autoritarisme". Si le journaliste est reconnu coupable d'avoir publié des informations interdites, il risque jusqu'à un an de prison, en vertu de la loi sur la presse. Le même officiel a interrogé, le 3 mars, Indra Rijal et Suneel Sharma, propriétaire et directeur de l'hebdomadaire Rashtriya Janamanch, sur la publication d'un article relatif aux actions de la police népalaise.
En revanche, Naryan Adhikari, correspondants de RSS, Kalifa FM et Communication Corner, et Basanta Parajuli, correspondant de Gorkhapatra et Synergy FM, ont été libérés le 1er mars après quinze jours de détention à Chitawan.