Deux journalistes retrouvent enfin la liberté après sept ans de détention dans des conditions effroyables
Organisation :
Reporters sans frontières a appris avec soulagement la remise en liberté, au terme de leur peine, des journalistes et militants des droits de l’homme Annakourban Amanklytchev et Sapardourdy Khadjiev.
« C’est une grande joie que de savoir nos deux collègues enfin libres, a déclaré l’organisation. Pendant ces longues années, au fil des rares informations qui nous parvenaient sur leurs terribles conditions de détention, nous avons souvent craint pour leur vie. Ce sont néanmoins deux hommes très affaiblis qui sont aujourd’hui rendus à la liberté. Rien ne pourra remplacer les sept longues années qu’Annakourban Amanklytchev et Sapardourdy Khadjiev ont injustement passées derrière les barreaux. »
« Justice n’a toujours pas été rendue à leur collègue Ogoulsapar Mouradova, morte en détention peu après son arrestation. Les autorités continuent d’incarcérer ou d’interner en hôpital psychiatrique quiconque ose les critiquer. Combien d’autres journalistes, collaborateurs de médias et défenseurs des droits de l’homme peuplent encore aujourd’hui les terribles prisons turkmènes ? Les informations filtrent si difficilement de ce pays, parmi les plus répressifs et fermés au monde, qu’il est impossible de le dire avec précision. »
D’après les informations obtenues par Reporters sans frontières, Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev ont été remis en liberté le 16 février 2013 et ont regagné leur domicile. Ils gardent de graves séquelles de leur détention, dont des problèmes cardiaques et psychologiques, une baisse de la vue et plusieurs autres affections qui doivent faire l’objet d’un prochain diagnostic.
Les deux journalistes avaient été condamnés en août 2006 à purger une peine de sept ans de prison, officiellement pour « possession d’armes ou de munitions illégales ». Sur le banc des accusés se trouvait aussi la correspondante du service turkmène de Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE/RL), Ogoulsapar Mouradova, décédée en septembre 2006 sous les coups de gardiens de la prison de haute sécurité d’Ovodan Depe (nord de la capitale, Ashgabat). Les trois journalistes collaboraient avec la société de production française Galaxie-Presse pour un documentaire sur le Turkménistan, destiné au magazine « Envoyé spécial » de France 2.
Aucune enquête probante n’a été menée sur la mort d’Ogoulsapar Mouradova. Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev ont purgé leur peine dans un isolement quasi total, à la prison de haute sécurité de Turkmenbashi (Ouest), dans une zone désertique marquée par des températures extrêmes.
Reporters sans frontières a occupé à deux reprises l’ambassade du Turkménistan à Paris, en 2006 et 2008, pour exiger des explications sur la mort d’Ogoulsapar Mouradova et la libération de ses deux collègues.
Année après année, le Turkménistan apparaît parmi les trois derniers pays du classement mondial de la liberté de la presse réalisé par l’organisation, aux côtés de la Corée du Nord et de l’Erythrée.
(Photo: AFP - Bertrand Guay / AFP)
Publié le
Updated on
20.01.2016