Reporters sans frontières se déclare « soulagée » après l'acquittement, le 14 avril 2005, de deux journalistes britanniques du Sunday Telegraph, Toby John Harden et Julian Paul Simmonds, accusés d'avoir violé la loi sur la presse et maintenus pendant deux semaines en détention. Le tribunal a estimé que « l'Etat n'a pas réussi à fournir les preuves » de leur culpabilité.
Reporters sans frontières se déclare « soulagée » après l'acquittement, le 14 avril 2005, de deux journalistes britanniques du Sunday Telegraph, Toby John Harden et Julian Paul Simmonds. Le président du tribunal, Never Diza, a estimé que « l'Etat n'a pas réussi à fournir les preuves » de leur culpabilité.
« Nous sommes profondément soulagés que Toby John Harden et Julian Paul Simmonds recouvrent enfin la liberté, après deux semaines de détention et un procès-spectacle écœurant, a déclaré l'organisation. La preuve est faite que le gouvernement zimbabwéen a voulu s'acharner contre eux pour faire un exemple. L'affaire Harden-Simmonds est close, mais cet épisode navrant vient s'ajouter à une longue liste d'atteinte à la liberté de la presse au Zimbabwe, qui, elle, n'est pas encore terminée. »
Arrêtés le jour des élections législatives, le 31 mars, les deux hommes étaient accusés d'avoir violé la loi sur l'information, qui oblige les journalistes à se faire accréditer par la Commission des médias et de l'information (MIC) sous peine de prison.
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07.04.05 - « L'honneur de l'Afrique australe publiquement terni » : Lettre ouverte au secrétaire exécutif de la Southern Africa Development Community (SADC)
Dr. Prega Ramsamy / Secrétaire Exécutif / Southern Africa Development Community (SADC) / Gaborone, Botswana
Paris, le 7 avril 2005
Monsieur le Secrétaire Exécutif,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur le sort indigne réservé par le gouvernement du Zimbabwe à deux journalistes britanniques du Sunday Telegraph, Toby John Harden et Julian Paul Simmonds, emprisonnés depuis une semaine à Norton, une localité située à 40 kilomètres de la capitale, Harare.
Arrêtés le 31 mars 2005, date à laquelle se sont tenues les élections législatives, ils sont régulièrement exhibés par les autorités zimbabwéennes pour un procès joué d'avance. Ils sont accusés d'avoir enfreint les lois sur l'immigration en ne disposant pas de visa en règle, ainsi que la tristement célèbre loi sur la presse, dite Access to Information and Protection of Privacy Act (AIPPA), dont nous dénonçons vigoureusement le caractère tyrannique depuis son adoption en 2002.
Nous hésitons à argumenter sur le fond de l'affaire, tant la forme est déjà choquante. Deux hommes, dont le seul tort, en somme, est de s'être approchés d'un peu trop près d'un bureau de vote avec un appareil photo, risquent d'être injustement condamnés à plusieurs années de prison. Nous constatons que les autorités zimbabwéennes souhaitent en faire un exemple pour tous ceux qui seraient susceptibles de les critiquer, ou à tout le moins de regarder d'un peu plus près la situation catastrophique d'un pays engagé dans une voix nationaliste, paranoïaque et répressive. En outre, nous sommes scandalisés par l'exhibition de Toby John Harden et Julian Paul Simmonds, menottés l'un à l'autre, en tenue de prisonnier, traités comme des criminels et accusés par des témoins à charge, militants du parti au pouvoir.
Etaient-ils en voyage touristique ou en mission journalistique ? Peu importe, à nos yeux. Deux hommes ont été jetés en prison pour avoir posé des questions à des électeurs et pris des photographies de la réalité qui les entourait. Cela, au Zimbabwe, constitue apparemment une infraction, surtout si l'on n'est pas adoubé par le tribunal de la pensée qu'est la Commission de l'information et des médias (MIC) et si l'on « blasphème » le nom du président Robert Mugabe.
Au-delà de notre jugement clairement négatif sur le climat dans lequel s'est déroulé le scrutin, au-delà de notre dégoût devant la façon dont le Zimbabwe traite les journalistes indépendants ou étrangers, nous voulons vous interpeller sur le sort de Toby John Harden et Julian Paul Simmonds. Nous vous exhortons, en tant que secrétaire exécutif de la Southern Africa Development Community (SADC), à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour persuader le Zimbabwe de laisser ces deux hommes rentrer chez eux librement au plus vite. L'honneur de l'Afrique australe est publiquement terni en ce moment, dans une prison de Norton.
Je vous remercie personnellement de prêter attention à ma requête et vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire Exécutif, l'expression de ma haute considération.
Robert Ménard, Secrétaire général