Descente de police dans les studios de Dojd TV : RSF dénonce une tentative d’intimidation
Des policiers ont fait irruption dans les studios de la chaîne de télévision Dojd en plein direct sur la manifestation du 27 juillet à Moscou. A l’approche de nouveaux rassemblements, Reporters sans frontières (RSF) dénonce une tentative d’intimidation de la seule chaîne de télévision nationale indépendante.
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Dojd était en plein direct sur la violente dispersion d’une manifestation à Moscou, le 27 juillet, lorsqu’une dizaine de policiers ont investi les studios pour remettre une citation à comparaître à la rédactrice en chef, Alexandra Perepelova. Cette intrusion dans les locaux de la seule chaîne nationale russe indépendante a entraîné l’interruption de la retransmission du rassemblement pendant quelques minutes. La chaîne a ensuite été la cible d’une attaque informatique.
Alexandra Perepelova a été entendue le soir même comme témoin dans l’enquête ouverte sur les rassemblements non autorisés qui se succèdent depuis début juillet pour réclamer la tenue d’élections libres à la mairie de Moscou. L’interrogatoire portait sur les activités professionnelles de la journaliste et de sa rédaction.
Malgré l’ampleur historique de la mobilisation, les violences policières et le nombre record d’interpellations au centre de la capitale, Dojd était la seule chaîne à couvrir en direct la manifestation. Les autres chaînes de télévision fédérales ont ignoré le sujet toute la journée, préférant par exemple couvrir la plongée de Vladimir Poutine en bathyscaphe dans la mer Baltique ou encore les diverses activités offertes aux Moscovites en ce beau jour d’été.
“Nous dénonçons fermement cette tentative d’intimider Dojd, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Non contentes du silence assourdissant maintenu par les télévisions fédérales sur le principal événement politique du moment, les autorités cherchent à faire pression sur la seule chaîne qui s’efforçait de remplir sa mission d’information. Nous soutenons pleinement nos collègues face à ces manoeuvres grossières.”
La police s’est également introduite le 27 juillet dans les studios de la chaîne YouTube de l’opposant Alexeï Navalny pour interrompre son direct, qui rassemblait plus d’un million de personnes. Les manifestants protestaient contre la décision des autorités d’invalider l’enregistrement de 27 candidats issus de l’opposition pour les élections locales à Moscou. Selon le bilan du site de référence OVD-Info, la police a interpellé 1373 personnes, dont 24 journalistes. De nombreux manifestants et au moins neuf journalistes ont été blessés. L’opposition appelle à manifester de nouveau le 3 août.
La création de Dojd, en 2010, est venue enfoncer un coin dans un paysage télévisuel étroitement contrôlé par les autorités. Mais les pressions se sont vite multipliées pour limiter l’influence de la chaîne, exclue en 2014 de la plupart des bouquets satellitaires et câblés, un temps privée d’annonceurs et même de ses locaux.
La Russie occupe la 149e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019, publié par RSF.