Des organisations de défense des droits de l'homme appellent à la fin du harcèlement à l'encontre de journalistes et d'universitaires binationaux
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Un groupe d'organisations de défense des droits de l'homme a appelé aujourd'hui le gouvernement iranien à libérer immédiatement trois Irano-Américains et à lever l'interdiction de quitter le territoire infligée à deux journalistes ayant une double nationalité.
Deux universitaires irano-américains, Kian Tajbakhsh et Haleh Esfandiari, sont actuellement détenus dans la prison d'Evin, à Téhéran. Un autre Irano-Américain, Ali Shakeri, militant pour la paix à Irvine, en Californie, serait également détenu au secret. Le gouvernement a en outre confisqué le passeport de deux journalistes, Parnaz Azima, également irano-américaine, et Mehrnoushe Solouki, une Franco-Iranienne, les empêchant ainsi de quitter le pays.
Aux côtés du Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, Human Rights Watch, Amnesty International, Reporters sans frontières et la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme ont exprimé leur profonde inquiétude pour la santé et la sécurité des détenus, ainsi que pour celle des deux journalistes retenues en Iran.
"Ces actes contreviennent au droit iranien et aux normes internationales, a déclaré Shirin Ebadi, qui est également l'avocate d'Haleh Esfandiari et de Parnaz Azima. Le pouvoir judiciaire refuse leurs droits les plus élémentaires à ces personnes jouissant d'une double nationalité. "
Haleh Esfandiari et Kian Tajbakhsh sont détenus au bloc 209 de la prison d'Evin. Le 29 mai, Alireza Jamshidi, porte-parole des autorités judiciaires, a déclaré au cours d'une conférence de presse que les deux hommes et la journaliste Parnaz Azima sont accusés par ce ministère d'"action contre la sécurité nationale" et de "propagande contre la République islamique, par la pratique de l'espionnage au profit de l'étranger".
Le 8 mai, des agents du ministère de l'Information ont arrêté Haleh Esfandiari. Âgé de 69 ans, celui-ci dirige les études sur le Moyen-Orient au Woodrow Wilson International Center for Scholars, à Washington. Il a été transféré à la prison d'Evin. Trois jours plus tard, c'était au tour de Kian Tajbakhsh, un spécialiste des sciences sociales, consultant pour le gouvernement iranien et certaines organisations internationales. Ils sont tous deux détenus à l'isolement et privés de la visite de leur avocat et de leur famille.
Ali Shakeri, 59 ans, militant pour la paix à Irvine, en Californie, a "disparu", le 8 mai, alors qu'il quittait l'Iran pour se rendre en Europe. Selon ses camarades, il a appelé sa famille 48 heures plus tard, affirmant qu'"il y avait un malentendu et qu'il allait bien". Le 29 mai, le porte-parole des autorités judiciaires a déclaré : "Ali Shakeri n'est pas en détention et il n'existe aucune accusation contre lui". Personne ne sait pourtant où il se trouve. Les organisations internationales demandent au gouvernement iranien d'enquêter sur l'arrestation d'Ali Shakeri, afin de le libérer s'il est en détention.
Les autorités ont également interdit à Mehrnoushe Solouki, une étudiante en journalisme détentrice de la double nationalité française et iranienne, de quitter le pays depuis son arrestation le 17 février. La jeune femme s'est rendue à Téhéran en décembre dernier, dans le cadre de ses études à l'université du Québec, pour réaliser un documentaire sur les événements qui ont suivi l'accord de cessez-le-feu, en 1988, entre l'Iran et l'Irak. Elle a été détenue un mois à la prison d'Evin pour avoir filmé les familles des victimes des violences des années 1980. Ses notes et ses films ont été saisis. Elle a été libérée sous caution le 19 mars, contre cent millions de toumen (environ 80 000 euros). Depuis sa libération, elle a été convoquée à plusieurs reprises et son passeport ne lui a toujours pas été restitué.
De même, une journaliste du service en persan de Radio Free Europe, Parnaz Azima, de nationalité irano-américaine, s'est également vu confisquer son passeport, le 25 janvier 2007, à son arrivée à l'aéroport de Téhéran. Elle n'a pas pu, depuis, quitter le pays.
Le 20 mai, le ministère de l'Information a accusé Haleh Esfandiari de promouvoir la société civile en Iran "pour servir les intérêts de puissances étrangères". Dans cette déclaration, ainsi que dans un certain nombre d'articles du Kayhan, un quotidien ultraconservateur, les activités professionnelles de Haleh Esfandiari et de Kian Tajbakhsh, telles que leur participation à des conférences internationales, sont présentées comme autant de preuves de leurs "agissements contre la sécurité nationale".
"Ces accusations sont politiques et ne visent qu'à isoler encore davantage la société civile iranienne, a déclaré Shirin Ebadi. Le gouvernement punit ces personnes parce qu'elles ont favorisé le dialogue entre les Iraniens et la communauté internationale."
Publié le
Updated on
20.01.2016