Des lois obsolètes pour persécuter les journalistes
Organisation :
RSF condamne la procédure judiciaire inique dont font l'objet Yusuf Abdi Gabobe, propriétaire et fondateur du journal Haatuf, suspendu en avril 2014 et Ahmed Ali Egeh, rédacteur en chef de la version en langue Somali de la publication.
« Nous appelons les autorités à abandonner toutes les charges contre Yusuf Abdi Gabobe et Ahmed Ali Egeh et à mettre un terme à cette parodie de procès qui dissimule mal la stratégie d'intimidation dont font l'objet les médias du Somaliland » a déclaré Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique à Reporters sans frontières. " Les poursuites contre ces deux journalistes violent les lois même du Somaliland, notamment la loi sur la presse de 2004 qui dépénalise les délits de presse et a préséance sur le code pénal somalien selon la Constitution du Somaliland. A cette farce judiciaire s’ajoute un conflit d’intérêt flagrant puisque les deux ministres du gouvernement incriminés dans l'article sont les deux seuls témoins entendus dans l'affaire pour l'instant. Pour couronner le tout, la salle d’audience était composée exclusivement de partisans des ministres insultant et intimidant les journalistes… Autant d'éléments qui décrédibilisent le gouvernement du Somaliland et expliquent peut être pourquoi ce dernier a du mal à gagner la confiance de la communauté internationale", a-t-elle conclu.
Le 10 mai 2014, Yusuf Abdi Gabobe et Ahmed Ali Egeh ont été arrêtés et menés à comparaître devant la cour d’Hargeisa pendant plusieurs heures. Ils sont poursuivis pour fausses accusations, propagande subversive, publication d'information fausses ou tendancieuses pouvant mettre en danger l'ordre public et injure contre des officiels.
Lors de cette audience, les avocats des plaignants ont demandé l’application de cinq articles du code pénal somalien datant de 1960 afin d'examiner les onze charges retenues contre les journalistes, plutôt que de la loi sur les médias du Somaliland de 2004 (Media Act No: 27), qui prévoit la dépénalisation des délits de presse et s’avère être le texte applicable en l'occurrence.
Malgré les objections de leurs avocats, la liberté conditionnelle n'a pas été accordée aux deux journalistes qui sont toujours en prison.
L’arrestation de Yusuf Abdi Gabobe et Ahmed Ali Egeh survient un mois après la fermeture du journal Haatuf, le 7 avril, un acte de censure malheureusement non isolé dans la région auto-proclamée indépendante du Somaliland .
La Somalie occupe la 176ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de 2014 établi par Reporters sans frontières.
crédit photo : Somaliland Sun
Publié le
Updated on
20.01.2016