Des journalistes de Mediapart et du Canard Enchaîné visés par de graves menaces
Reporters sans frontières (RSF) condamne avec la plus grande fermeté les menaces de mort visant les rédactions de Mediapart et du Canard Enchaîné.
Les rédactions du Canard Enchaîné et de Mediapart ont reçu jeudi 6 avril des lettres de menaces accompagnées d’une balle de calibre 22 Long Rifle signées d’un collectif appelé “Epuration 2J”. Postées depuis Marseille, les missives mettent en garde les journalistes des deux rédactions avec un message sans équivoque : “La Vigilance et la protection ne durent pas Ad Vitam… Ce jour-là/Nous serons là/pour Vous/ou/l’un de vos Proches”.
Sur le document anonyme adressé à la rédaction de Mediapart figure un cercueil marqué par les initiales EP –rappelant celles de son président fondateur Edwy Plenel - et un slogan « Juges et journalistes dans le même sac ». Un courrier similaire a également été envoyé au Canard Enchaîné et à quatre magistrats. Selon Mediapart, Eliane Houlette, la responsable du parquet national financier et trois autres juges chargés de l’enquête sur l’affaire Fillon seraient visés.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « menaces de mort ».
“Les menaces proférées à l’encontre des journalistes de Mediapart et du Canard Enchaîné sont graves et doivent être prises très au sérieux, déclare Christophe Deloire secrétaire général de RSF. Ces actes d’intimidation sont inacceptables dans une démocratie et surviennent dans une atmosphère déjà contaminée par les propos toxiques et dangereux de responsables politiques à l’encontre des journalistes”.
Depuis les révélations de Mediapart et du Canard Enchaîné sur François Fillon, qui a été mis en examen pour détournement de fonds publics, plusieurs politiciens s’en sont pris violemment au travail des journalistes qu’ils n’hésitent plus à attaquer verbalement. Le candidat du parti Les Républicains stigmatise les médias et les magistrats qui enquêtent sur ces affaires et a évoqué à plusieurs reprises « un assassinat politique », « une machination » ourdie « dans les arrière-cuisines » d’« officines ». Le jeudi 6 avril, sur les ondes de France Inter, François Fillon a même proféré une mise en garde: «Ceux qui sont à l’origine de cette affaire ne dormiront pas bien à l’avenir. »