Des élections synonymes de violences à l’encontre des médias
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Les élections de l’assemblée constituante, le 19 novembre, et la grève générale lancée le 12 novembre ont engendré un climat de tension dans la société, qui affecte directement les médias. Pris entre les partisans et les opposants aux élections, ces derniers ont fait l’objet d’un certain nombre de violences.
“Les incidents à l’encontre des médias témoignent du peu de place laissée par les autorités à la liberté de l’information dans le pays, tout particulièrement dans ce contexte d’élections. De nombreux journaux d’opposition ont fait part de leur crainte de couvrir les événements dans un tel environnement. Cette crainte est partagée par les distributeurs de journaux qui font l’objet d’intimidations. Nous demandons au gouvernement en place, ainsi qu’aux membres de l’opposition, d’oeuvrer à un apaisement du climat qui permette aux médias d’exercer sans craindre pour leur sécurité. L’important dispositif de sécurité mis en place ne doit pas servir de prétexte pour s’attaquer aux journaux qui souhaitent couvrir le boycott des élections. Il doit au contraire garantir la sécurité des acteurs de l’information”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 8 novembre à Dolpa, six individus appartenant à une branche du parti maoïste, Young Communist League (YCL) ont attaqué un journaliste de Radio Dolpa, Subarna Kumar Dangi alors que ce dernier rentrait chez lui. La victime, sérieusement blessée, a rapporté à l’agence de presse RSS les paroles de ses agresseurs au moment des faits : “C’est lui qui écrit des articles à propos de nous. Cassons lui la main!”.
Le 10 novembre, Gopal Dewwan, rédacteur de l’hebdomadaire Bishwastasutra et correspondant pour le quotidien Blast Times, a fait l’objet d’une tentative de meurtre par des individus non identifiés. Il a été la cible de tirs alors qu’il se trouvait dans son bureau à Chatarline mais est parvenu à éviter les balles. Une enquête de la police est en cours pour retrouver les coupables et déterminer le mobile de cet acte.
Le 14 novembre, Ramesh Rawal, rédacteur en chef du mensuel Jana Swayamsevak, a été arrêté par des policiers en civil puis détenu pendant quatre heures au poste de police de Singha Durbar. Le journaliste de la radio pro maoïste Radio Mirmire, Dipendra Rokaya a également fait l’objet d’une tentative avortée d’arrestation au siège du média.
Ces actes de violences sont une tentative de museler les acteurs de l’information, comme en témoignent ces deux incidents : le 7 novembre, Raju Bishwokama, reporter chez RSS a été malmené par les forces de police à la frontière alors qu’il venait de surprendre un flagrant délit de corruption. Son appareil photo lui a été confisqué, et les clichés mettant en évidence l’échange par la police des frontières d’argent contre des biens étrangers importés illégalement ont été supprimés. De la même manière, le 20 octobre dernier l’appareil photo de Dhruba Dangal, reporter au sein du Nagarik Daily avait été saisi par la police qui avait effacé les clichés des officiers en charge de la sécurité lors des élections.
Les journaux eux-mêmes n’ont pas été épargnés. Au premier jour de la grève, lancée par 33 partis menés par les communistes (CPN-M), dissidents du Parti maoïste népalais (UCPN), le 12 novembre, la distribution des journaux à travers le pays a été grandement ralentie suite à la vandalisation par jets de pierres du véhicule chargé de la distribution des quotidiens Nagarik et Republica, près de Gwarko, au sud de Katmandou. De la même manière, des distributeurs de journaux hebdomadaires tels que Mahima, Nya Bidroh ou Prakashpunja, ont fait l’objet d’intimidations.
Le Népal se situe à la 118ème place du classement 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016