Dans le silence des prisons : que se passe-t-il à Evine ?
Organisation :
Des prisons iraniennes rien ni personne ne sort. Les Iraniens font la queue à la porte des prisons, pour y trouver le nom d’un parent, d’un proche dont ils n’ont plus de nouvelles. Les recherches désespérées se répètent dans toutes les villes du pays. La liste de 700 noms placardée à l’entrée de la prison d’Evine est bien incomplète. Les familles se voient refuser systématiquement le droit de voir leurs proches disparus. Les portes restent closes. Déjà le 22 juin, 150 avocats iraniens avaient lancé un appel aux autorités pour la libération des personnes arrêtées, demandant au moins l’accès des prisons pour les avocats.
Les proches des journalistes arrêtés sont trimballés d’un bout à l’autre de la ville par les différentes administrations : « Non, il n’est pas ici. Allez là-bas. » Et arrivés à l’endroit indiqué, on les renvoie à la case départ.
« Les familles des centaines d'Iraniens emprisonnés dans la prison d'Evine sont en droit de voir leurs proches et d'obtenir des informations sur les raisons de leur détention. Ceux détenus dans la section 209 sont particulièrement en danger. Nous demandons aux autorités de Téhéran d'autoriser les représentants de la presse étrangère et des représentants d’organisations de défense des droits de l’homme à visiter la prison comme cela avait été le cas en 2006 », a déclaré l’organisation.
« Plusieurs témoignages nous font craindre que la torture et les mauvais traitements soient systématiquement infligés aux détenus accusés d'avoir manifesté contre le régime. Plusieurs journalistes et blogueurs auraient été violentés par les gardiens et les hommes du procureur M. Mortazavi. Comme le stade de Santiago du Chili en 1973, la prison d'Evine est devenue un centre de détention sanglant où règne l'arbitraire. Nous appelons la communauté internationale à tout faire pour briser le silence qui s'est imposé autour des prisonniers d'opinion de la prison d'Evine », a ajouté l’organisation, qui rappelle que le 26 juin est la Journée internationale contre la torture.
Dans le passé, Reporters sans frontières a recueilli de nombreuses informations sur des cas de torture au sein de la prison d'Evine. Ainsi, la journaliste irano-canadienne Zara Kazemi y est morte sous la torture en 2003, et plus récemment le blogueur Omidreza Mirsayafi, décédé le 19 mars 2009.
Récemment libéré de la prison d'Evine, Roxana Saberi a déclaré : "Je suis inquiète pour les gens qui sont détenus, je pense qu'ils le sont dans des conditions plus difficiles que moi. Certains sont probablement torturés physiquement."
Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris l’arrestation, le 20 juin, de Mehdi Zabouli, journaliste et photographe pour le quotidien Hamshahri. Blessé au cours des manifestations, il avait dû être hospitalisé. D'autres patients ont été arrêtés le même jour.
Amanolah Shojai et Mashalah Hidarzadeh, arrêtés à Bushehr le 16 juin, ont été libérés le 25 juin 2009. Et depuis le 20 juin 2009, l’organisation est sans nouvelles d’Ali Mazroui, président de l’Association des journalistes iraniens.
Depuis l’élection présidentielle contestée, au moins 25 journalistes arrêtés sont toujours emprisonnés. Avec un total de 33 journalistes en prison, l’Iran est la première prison du monde pour les journalistes, devant la Chine et Cuba.
Le 14 juin 2009 :
· la cyberdissidente Somaieh Tohidlou (http://smto.ir)
· Ahmad Zeydabadi,
· Kivan Samimi Behbani,
· Abdolreza Tajik,
· Mahssa Amrabadi,
· Behzad Basho, le caricaturiste
· Khalil Mir Asharafi
· Karim Arghandeh, journaliste pour les journaux réformateurs Salam, Vaghieh etafaghieh, et blogueur (http://www.futurama.ir/) a été arrêté à son domicile de Téhéran.
· Shiva Nazar Ahari, cyberdissidente et activiste des droit de l’homme (voir son blog : http://azadiezan.blogspot.com), a été arrêtée à son domicile de la capitale
Le 15 juin 2009 :
· Mohamad Atryanfar, directeur de plusieurs publications comme Hamshary, Shargh, Shahrvand Emrouz, aurait été transféré à la section de sécurité de la prison d’Evine.
· Saïd Hajarian, ancien directeur du journal Sobh-e-Emrouz, a été arrêté par les forces de l’ordre dans la nuit du 15 au 16 juin à son domicile de Téhéran, alors même qu’il est handicapé.
· Mojtaba Pormohssen, journaliste pour plusieurs journaux réformateurs, collaborateur à la radio Zamaneh et rédacteur en chef du journal Gilan Emroz, a été arrêté à Rashat (nord du pays).
Le 16 juin :
· Mohammad Ali Abtahi, surnommé “Mollah blogueur“, a été arrêté à son domicile de Téhéran. Son blog : http://www.webneveshteha.com/.
· Fariborez Srosh, journaliste indépendant, aurait également été arrêté ce jour-là. Dans le passé, il avait déjà arrêté et emprisonné du fait de sa collaboration avec Radio farda (Radio Free Europe).
Le 17 juin :
· Saide Lylaz, journaliste au journal Sarmayeh, a été arrêté à son domicile de la capitale. Ce spécialiste des questions économiques s’est montré très critique envers la politique d’Ahmadinejad.
· Rohollah Shavar, journaliste de la ville de Mashad, est détenu depuis la même date.
Le 18 juin :
· Mohammad Ghochani, rédacteur en chef du quotidien Etemad Meli, propriété de Mehdi Karoubi, l’un des candidats d’opposition à Mahmoud Ahamadinejad, a été arrêté à Téhéran, à deux heures du matin.
Le 20 juin :
· Pas de nouvelles d’Ali Mazroui, président de l’Association des journalistes iraniens.
· Bahaman Ahamadi Amoee et son épouse Jila Baniyaghoob ont été arrêtés à leur domicile à minuit, suite à une perquisition d'agents en civil du ministère du Renseignement. Lauréate en 2009 du Prix du Courage en journalisme, décerné par la International Women's Media Foundation, Jila Baniyaghoob dirige un site d'informations de tendance féministe, Canon Zeman Irani (http://irwomen.net). Son mari, Bahaman Ahamadi Amoee, collabore à plusieurs publications proches du courant réformateur.
· Mehdi Zabouli, journaliste et photographe pour le quotidien Hamshahri. Blessé au cours des manifestations, il avait dû être hospitalisé.
Le 21 juin :
· Le correspondant de l’hebdomadaire Newsweek, Maziar Bahari, a été arrêté par les forces de la Sécurité à son domicile à 7 heures du matin.
Le 22 juin :
· Mostafa Ghavnlo Ghajar, collaborateur de plusieurs journaux et spécialiste des « médias étrangers » à la Radio Goftogo, a été arrêté à son domicile. Son blog est consultable sur : http://www.ghajar.ir/.
· Iason Athanasiadis, journaliste gréco-britannique pour le Washington Times
· 25 collaborateurs et professionnels des médias du Kalemeh Sabz arrêtés, dont Alireza Behshtipour Shirazi, le rédacteur
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Updated on
20.01.2016