« Coup de force » de la police politique : un journaliste passe 48 heures en prison
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Reporters sans frontières qualifie de « coup de force inadmissible » l'arrestation par l'Agence nationale de sécurité (ANS) de Ngaradoumbé Samory, de l'hebdomadaire privé L'Observateur, le 4 juin 2005, après la publication d'une lettre ouverte au président Idriss Deby.
« Ainsi, au Tchad, la publication d'une lettre ouverte au chef de l'Etat peut valoir à un journaliste d'être traité comme un criminel et jeté en prison, a déclaré Reporters sans frontières. Il s'agit d'un recul de la liberté de la presse et d'un coup de force inadmissible de la police politique. Cet épisode est d'autant plus inquiétant que cette arrestation arbitraire est doublée d'un chantage intolérable. Nous sommes atterrés de voir que, après une période de calme relatif, le Tchad est retourné, un jour de référendum, dans le triste cercle des pays d'Afrique qui emprisonnent arbitrairement leurs journalistes. »
Interpellé le 4 juin par l'ANS, le service de contre-espionnage tchadien, Ngaradoumbé Samory a été placé en garde à vue, après la publication par L'Observateur, le 1er juin, d'une lettre ouverte de la communauté Kreda au président Idriss Deby dénonçant l'arrestation de plusieurs de ses membres et demandant leur libération immédiate. Les agents de l'ANS s'étaient présentés à la rédaction du journal à la mi-journée et avaient arrêté le journaliste en charge de la coordination ce jour-là.
Convoquée par téléphone, la directrice de publication du journal, Sy Koumbo Sin Gagali, s'est rendue dans les locaux de l'ANS pour exiger la libération de Ngaradoumbé Samory. Les agents de l'ANS ont expliqué qu'ils exigeaient que leur soit livré le nom de l'auteur de la lettre, faute de quoi le journaliste serait maintenu en détention et inculpé. Refusant de céder au chantage, Ngaradoumbé Samory a été transféré à la police judiciaire, le 5 juin. Il a été libéré le 6 juin à la mi-journée. « Je libère votre collaborateur, vous allez partir avec lui », a déclaré le ministre de la Sécurité publique et de l'Immigration, Abdramane Moussa, en remettant le journaliste à sa directrice de publication, en présence de la presse et des associations de défense des droits de l'homme. Le ministre n'a toutefois pas exclu des poursuites ultérieures.
Le 6 juin, les électeurs tchadiens sont appelés à se prononcer par référendum sur une réforme controversée de la Constitution, permettant au président Idriss Déby, au pouvoir depuis 15 ans, de briguer un nouveau mandat en 2006.
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Updated on
20.01.2016