L'avocat Mohammed Abbou a vu sa peine de trois ans et demi de prison confirmée en appel, le 10 juin 2005, à l'issue d'un simulacre de procès au cours duquel ni lui ni ses avocats n'ont pu répondre des accusations dont il est l'objet, à savoir la publication de fausses informations sur Internet et une prétendue agression, il y a près de trois ans, sur l'une de ses consoeurs.
L'avocat Mohammed Abbou a vu sa peine de trois ans et demi de prison confirmée en appel, le 10 juin 2005, à l'issue d'un simulacre de procès au cours duquel ni lui ni ses avocats n'ont pu répondre des accusations dont il est l'objet, à savoir la publication de fausses informations sur Internet et une prétendue agression, il y a près de trois ans, sur l'une de ses consoeurs.
"Cette fois, la justice tunisienne ne s'est pas embarrassée d'artifices pour donner l'illusion d'un procès équitable. Cette condamnation est une véritable honte pour l'Etat tunisien. Nous sommes curieux de voir comment l'Union européenne et les Etats-unis, dont les représentants ont été évacués de la salle d'audience, vont réagir à cette parodie de justice. Ne serait-il pas temps de dénoncer haut et fort la politique liberticide et répressive du président Ben Ali, à cinq mois à peine de la tenue, en Tunisie, d'un sommet mondial sur l'Internet ?", a déclaré l'organisation.
L'avocat mandaté par Reporters sans frontières pour assister à l'audience, Guillaume Prigent, a expliqué à la sortie de l'audience que les "droits élémentaires de la défense n'ont pas été respectés". L'audience a débuté à 9h et les débats n'ont duré que quelques minutes. La juge a commencé par faire sortir les diplomates de la salle, prétextant qu'ils faisaient 'trop de bruit'. Elle a ensuite fait évacuer la presse, puis toutes les personnes présentes dans la salle, y compris l'épouse de maître Abbou. Seuls les avocats de la défense et ceux mandatés par les ONG internationales ont pu assister à l'audience. Les avocats n'ont même pas pu prendre la parole lors de l'audience.
Des représentants des Etats-unis, de la France, de l'Union européenne, de la Finlande et de l'Espagne ont tenté d'assister à l'audience. Outre Guillaume Prigent, des avocats de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), d'Amnesty International et d'Avocats sans Frontières étaient également présents.
La condamnation en première instance :
Mohammed Abbou avait été condamné, en première instance, le 29 avril 2005, à trois ans et six mois de prison. Il avait été reconnu coupable d'une agression physique datant de 2002 et d'avoir diffusé "de fausses informations" sur Internet. Reporters sans frontières avait alors déjà dénoncé une "mascarade de procès".
L'avocat, emprisonné depuis le 1er mars 2005, avait été condamné à deux ans de prison pour avoir prétendument agressé l'une de ses consoeurs, en 2002, lors d'une conférence. Aucun élément tangible n'était venu appuyer cette accusation, à part une attestation médicale non signée.
Dans le second dossier, Mohammed Abbou avait été condamné à un an et demi de prison pour avoir publié sur le site Tunisnews, en août 2004, un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib. Toutefois, selon de nombreux observateurs présents au procès, sa condamnation serait due en réalité à un autre article, publié sur Internet quelques jours avant son arrestation, dans lequel il critiquait l'invitation faite à Ariel Sharon d'assister au SMSI et dénonçait, sur un ton ironique, la corruption de la famille du Président.
La Tunisie est l'hôte du prochain Sommet mondial sur la société de l'information, en novembre 2005, organisé sous l'égide des Nations unies.