Condamnation annulée en appel pour la journaliste britannique Sally Bowen
Organisation :
Le 28 juin 2005, la cour d'appel de Lima a infirmé pour vice de formes la condamnation de la journaliste britannique Sally Bowen pour « diffamation ». L'ancienne correspondante au Pérou du Financial Times et de la BBC, avait été condamnée par le juge Alfredo Catacora en première instance, le 4 mai dernier, à payer 3 000 dollars de dommages et intérêts à l'homme d'affaires Fernando Zevallos , dont elle avait cité un détracteur dans son livre « L'espion imparfait : la vie de Vladimiro Montesinos ». Les charges retenues contre Jane Holligan, co-auteur de l'ouvrage, avaient déjà été levées car elle réside à l'étranger.
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10.05.05 - Deux journalistes britanniques condamnées pour « diffamation » : la liberté de la presse bafouée
Reporters sans frontières joint sa voix aux multiples protestations qui ont fait suite à la condamnation par un juge péruvien, le 4 mai 2005, de Sally Bowen, ancienne correspondante au Pérou du Financial Times et de la BBC, et de Jane Holligan, ancienne correspondante du Guardian et de The Economist, pour « diffamation » envers l'homme d'affaires Fernando Zevallos. Les deux journalistes et le plaignant vont faire appel. « Ce n'est pas tant la sentence en elle-même que ses attendus qui posent problème dans cette affaire. Les deux journalistes ont été condamnées simplement pour avoir rapporté dans un livre des propos défavorables à Fernando Zevallos. Même si Sally Bowen et Jane Holligan ont la possibilité de faire appel, leur condamnation constitue par principe une entorse sérieuse au travail journalistique et à la liberté de la presse », a déclaré Reporters sans frontières. Dans leur livre « L'espion imparfait : la vie de Vladimiro Montesinos », Sally Bowen et Jane Holligan relatent les agissements de l'ancien chef des services secrets péruviens sous la présidence d'Alberto Fujimori (1990-2000). Dans un chapitre, un ancien collaborateur de la DEA (unité de lutte anti-drogue des Etats-Unis), Oscar Benitez, qualifie Fernando Zevallos de « trafiquant de drogue ». De lourdes charges pèsent, en effet, sur Fernando Zevallos, ancien propriétaire de la compagnie aérienne Aerocontinente. Considéré par l'administration américaine comme un baron de la drogue, l'homme a été poursuivi plusieurs fois au Pérou et au Chili pour blanchiment d'argent, subornation de témoin, meurtre sous contrat et trafic de cocaïne. Il est actuellement en procès pour avoir renfloué son ancienne compagnie aérienne avec les bénéfices du trafic de drogue, selon Associated Press. Arguant de la présomption d'innocence, le juge Alfredo Catacora a condamné Sally Bowen et Jane Holligan à verser 10 000 soles (2 300 euros) au plaignant qui réclamait, lui, 10 millions de dollars d'indemnisation. Le jugement a suscité un tollé. Le 6 mai, une centaine de journalistes péruviens et étrangers ont manifesté devant le palais de justice de Lima en dénonçant « la corruption et l'intimidation » que le crime organisé fait peser sur l'institution judiciaire. Le rapporteur spécial pour la liberté d'expression de l'Organisation des Etats américains (OEA), l'Argentin Eduardo Bertoni, a fait part de sa préoccupation au gouvernement péruvien. L'ambassadeur du Royaume-Uni, Richard Ralph a exprimé ses « inquiétudes ». Son homologue américain James Curtis Struble a dénoncé le jugement et réitéré les graves soupçons qui pèsent sur Fernando Zevallos. L'Instituto prensa y sociedad (association péruvienne de défense de la liberté de la presse) a fustigé, dès le 5 mai, un jugement « anticonstitutionnel » et une « atteinte directe à la liberté de la presse ». Le président de la Société interaméricaine de presse (SIP) et directeur du quotidien péruvien El Comercio, Alejandro Miro Quesada, a qualifié ce jugement de « très dangereux », selon l'Agence France-Presse. La SIP a également demandé, le 9 mai, au président Alejandro Toledo la réouverture de l'enquête sur l'assassinat, en 1989, de Todd Smith, journaliste au Tampa Tribune (Floride), qui avait mis au jour des liens entre la guérilla du Sentier lumineux et les narcotrafiquants. Fernando Zevallos avait été cité, mais jamais inculpé, comme étant le cerveau du meurtre.
Reporters sans frontières joint sa voix aux multiples protestations qui ont fait suite à la condamnation par un juge péruvien, le 4 mai 2005, de Sally Bowen, ancienne correspondante au Pérou du Financial Times et de la BBC, et de Jane Holligan, ancienne correspondante du Guardian et de The Economist, pour « diffamation » envers l'homme d'affaires Fernando Zevallos. Les deux journalistes et le plaignant vont faire appel. « Ce n'est pas tant la sentence en elle-même que ses attendus qui posent problème dans cette affaire. Les deux journalistes ont été condamnées simplement pour avoir rapporté dans un livre des propos défavorables à Fernando Zevallos. Même si Sally Bowen et Jane Holligan ont la possibilité de faire appel, leur condamnation constitue par principe une entorse sérieuse au travail journalistique et à la liberté de la presse », a déclaré Reporters sans frontières. Dans leur livre « L'espion imparfait : la vie de Vladimiro Montesinos », Sally Bowen et Jane Holligan relatent les agissements de l'ancien chef des services secrets péruviens sous la présidence d'Alberto Fujimori (1990-2000). Dans un chapitre, un ancien collaborateur de la DEA (unité de lutte anti-drogue des Etats-Unis), Oscar Benitez, qualifie Fernando Zevallos de « trafiquant de drogue ». De lourdes charges pèsent, en effet, sur Fernando Zevallos, ancien propriétaire de la compagnie aérienne Aerocontinente. Considéré par l'administration américaine comme un baron de la drogue, l'homme a été poursuivi plusieurs fois au Pérou et au Chili pour blanchiment d'argent, subornation de témoin, meurtre sous contrat et trafic de cocaïne. Il est actuellement en procès pour avoir renfloué son ancienne compagnie aérienne avec les bénéfices du trafic de drogue, selon Associated Press. Arguant de la présomption d'innocence, le juge Alfredo Catacora a condamné Sally Bowen et Jane Holligan à verser 10 000 soles (2 300 euros) au plaignant qui réclamait, lui, 10 millions de dollars d'indemnisation. Le jugement a suscité un tollé. Le 6 mai, une centaine de journalistes péruviens et étrangers ont manifesté devant le palais de justice de Lima en dénonçant « la corruption et l'intimidation » que le crime organisé fait peser sur l'institution judiciaire. Le rapporteur spécial pour la liberté d'expression de l'Organisation des Etats américains (OEA), l'Argentin Eduardo Bertoni, a fait part de sa préoccupation au gouvernement péruvien. L'ambassadeur du Royaume-Uni, Richard Ralph a exprimé ses « inquiétudes ». Son homologue américain James Curtis Struble a dénoncé le jugement et réitéré les graves soupçons qui pèsent sur Fernando Zevallos. L'Instituto prensa y sociedad (association péruvienne de défense de la liberté de la presse) a fustigé, dès le 5 mai, un jugement « anticonstitutionnel » et une « atteinte directe à la liberté de la presse ». Le président de la Société interaméricaine de presse (SIP) et directeur du quotidien péruvien El Comercio, Alejandro Miro Quesada, a qualifié ce jugement de « très dangereux », selon l'Agence France-Presse. La SIP a également demandé, le 9 mai, au président Alejandro Toledo la réouverture de l'enquête sur l'assassinat, en 1989, de Todd Smith, journaliste au Tampa Tribune (Floride), qui avait mis au jour des liens entre la guérilla du Sentier lumineux et les narcotrafiquants. Fernando Zevallos avait été cité, mais jamais inculpé, comme étant le cerveau du meurtre.
Publié le
Updated on
20.01.2016