Comores : deux journalistes interpellés et placés sous contrôle judiciaire

Reporters sans frontières (RSF) condamne l’arrestation arbitraire de deux journalistes comoriens et leur placement sous contrôle judiciaire depuis lundi pour “troubles à l’ordre public”. A quelques jours des élections législatives, RSF demande aux autorités de ne pas prendre les journalistes et les médias critiques pour cibles comme lors de l’élection présidentielle de 2019.

Alors qu’ils étaient en route pour couvrir un rassemblement de l’opposition, Ali Mbaé, journaliste au quotidien Masiwa Komor et le blogueur Oubeidillah Mchangama ont été arrêtés par la police à Koimbani, au centre-est de la Grande Comore, samedi 11 janvier. Après avoir passé le week-end en garde en vue au commissariat de Moroni, ils ont été entendus devant un juge lundi. Accusés de “troubles à l’ordre public”, ils sont ressortis libres mais placés sous contrôle judiciaire. Ils ont désormais l’interdiction de quitter l'île, de communiquer sur les réseaux sociaux et doivent se présenter chez le juge d'instruction chaque semaine.


Les forces de police avaient déjà arrêté le matin même plusieurs des organisateurs du rassemblement et bloqué la place sur laquelle il devait avoir lieu, empêchant la tenue de l'événement. Le premier tour des élections législatives, prévu dimanche 19 janvier, est boycotté par l’opposition. 


“A quelques jours d’élections importantes, il est indispensable que les journalistes et les médias puissent travailler librement et ne fassent pas l’objet d’intimidations lorsqu’ils souhaitent couvrir des manifestations organisées par l’opposition, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. La reproduction de la séquence qui a suivi l’élection présidentielle de 2019 et en marge de laquelle RSF avait déjà déploré de nombreuses atteintes à la liberté de la presse enverrait un très mauvais signal. La crédibilité d’un scrutin est étroitement lié à la liberté et l’indépendance dont peuvent jouir les journalistes qui souhaitent le couvrir.”


La réélection contestée par l’opposition du président Azali Assoumani le 24 mars dernier avait été émaillée par plusieurs intimidations et agressions de journalistes. Le journaliste Toufé Maecha avait été arrêté et accusé d’être “un espion de l’opposition”. Deux journalistes français Louis Witter et Cyril Castelliti avaient également été arrêtés et interrogés pendant une journée. Des journaux avaient été directement censurés par les forces de sécurité. Dans ce climat, les professionnels des médias comoriens avaient décidé de boycotter les activités du gouvernement pendant deux semaines.


Les Comores occupent la 56e place au Classement mondial pour la liberté de la presse 2019 de RSF. 

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Updated on 16.01.2020