La Mission internationale constate que les pressions sur les médias se sont multipliées au cours des derniers mois, avec notamment une dégradation de la situation sécuritaire des journalistes travaillant dans le Nord et l'Est. Malgré les promesses faites en octobre dernier par des officiels à la Mission internationale, nous constatons une absence totale de progrès dans les enquêtes sur les cas de journalistes tués et agressés.
La Mission internationale constate que les pressions sur les médias se sont multipliées au cours des derniers mois, avec notamment une dégradation de la situation sécuritaire des journalistes travaillant dans le Nord et l'Est. Dans la péninsule de Jaffna, des dizaines de reporters ont dû cesser d'exercer leur métier par peur des conséquences pour leur vie.
Malgré les promesses faites en octobre dernier par des officiels à la Mission internationale, nous constatons une absence totale de progrès dans les enquêtes sur les cas de journalistes tués et agressés. Selon nos informations, aucun suspect impliqué dans ces affaires n'a été présenté devant les juges depuis que le Président est entré en fonctions. Il y a eu, par ailleurs, une multiplication d'attaques verbales contre les médias de la part de ministres, mettant en danger la sécurité des professionnels de l'information et de leurs familles.
Dans les zones contrôlées par le LTTE, la liberté d'expression et la liberté de mouvement continuent d'être extrêmement restreintes, empêchant l'accès des populations aux informations et l'expression d'opinions pluralistes.
Le niveau général de liberté d'expression se détériore et l'autocensure progresse dans les rédactions. L'existence de sources d'informations indépendantes est remise en cause.
Après une première mission en octobre 2006, une délégation d'organisations de défense de la liberté de la presse s'est rendue du 17 au 23 juin au Sri Lanka afin d'évaluer l'impact sur la situation des médias sri lankais, de l'escalade des violences entre le gouvernement sri lankais et le LTTE. La délégation a rencontré de nombreux journalistes, des personnes de la société civile, des membres du gouvernement et des forces de sécurité. Des membres de la mission se sont rendus dans la ville de Jaffna au Nord et dans celle d'Ampara à l'Est.
La mission a réaffirmé le soutien des organisations de défense de la liberté de la presse au combat de leurs collègues sri lankais.
Conclusions sur la situation sécuritaire
Concernant la sécurité des journalistes, la mission relève une aggravation de la situation au cours des 18 derniers mois avec de nombreux cas de journalistes tués, arrêtés, attaqués, kidnappés, dénoncés comme "traîtres" ou menacés de mort. Le LTTE, les forces de sécurité ainsi que les groupes paramilitaires sont tous responsables de ces violations de la liberté de la presse. C'est la presse tamoule du Nord et de l'Est qui est victime de la majorité des atteintes.
Avec l'assassinat des journalistes tamouls Subash Chandraboas et Selvarajah Rajwarnam en avril, le nombre de professionnels des médias tués depuis août 2005 est porté à onze.
Conclusions sur la censure
L'hostilité croissante des autorités vis-à-vis des médias encourage un climat d'autocensure, ce qui met en danger la libre circulation de l'information au Sri Lanka. Les autorités ont arrêté deux responsables et une journaliste du groupe de presse Standard Newspaper. Le gouvernement a utilisé abusivement l'administration fiscale pour affaiblir ce groupe proche d'un opposant. Suite au gel de plusieurs comptes bancaires, Standard Newspaper a été contraint de fermer deux publications.
A Jaffna, le gouvernement a bloqué pendant plusieurs mois l'arrivée d'encre et de papier pour les trois publications de la ville. Récemment, le site d'informations Tamilnet a été bloqué par les fournisseurs d'accès sri lankais sous la pression des autorités.
Les restrictions d'accès aux zones de conflit de la part des forces de sécurité et des Tigres tamouls et le système d'accréditation discriminatoire pour les journalistes tamouls rendent difficile toute enquête pour les médias nationaux et internationaux.
Concernant les lois d'urgence promulguées en décembre 2006, elles risquent de criminaliser toute enquête indépendante, notamment sur les opérations militaires.
Pour toutes ces raisons, la Mission internationale renouvelle ses recommandations déjà exprimées en octobre 2006. Nous demandons au gouvernement sri lankais :
-De mener des enquêtes transparentes sur les meurtres des onze journalistes tués au cours des deux dernières années.
-De concentrer une attention particulière à la sécurité des professionnels des médias dans les zones touchées par le conflit.
-De faciliter la présence au Sri Lanka d'une mission des Nations unies de protection des droits de l'homme.
De plus, la Mission demande à toutes les parties au conflit :
-De cesser toute menace ou harcèlement sur les professionnels des médias.
-De limiter les ingérences qui visent à restreindre la liberté éditoriale.
-De mettre fin à la pratique dangereuse de vilipender publiquement les médias.
-D'amender ou de révoquer les lois d'urgence et toutes celles qui ne correspondent pas aux standards internationaux sur la liberté d'expression.
La Mission internationale va continuer à surveiller étroitement les attaques contre les médias et à défendre la liberté de la presse au Sri Lanka.
Fédération internationale des journalistes
International Media Support
International Press Institute
Reporters sans frontières
South Asia Media Commission