Le 8 mars 2008, il restera cinq mois avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été de Pékin. Reporters sans frontières dénonce le manque de réelles avancées, notamment l'absence de libérations massives de prisonniers d'opinion et de levée de la censure des médias et d'Internet.
Le 8 mars 2008, il restera cinq mois avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été de Pékin. Reporters sans frontières dénonce le manque de réelles avancées, notamment l'absence de libérations massives de prisonniers d'opinion et de levée de la censure des médias et d'Internet.
"La seule manière pour les autorités chinoises de faire taire les critiques sur la situation des droits de l'homme est de relâcher les prisonniers d'opinion, et non pas de réprimer encore plus. Le succès des JO de Pékin dépend aujourd'hui de la capacité du CIO et de la communauté internationale à faire entendre cette évidence aux organisateurs chinois. De notre côté, nous allons redoubler d'énergie au cours des cinq prochains mois pour obtenir des avancées concrètes", a affirmé l'organisation.
Reporters sans frontières rappelle certaines de ses demandes avant les Jeux olympiques de Pékin : la libération de la centaine de journalistes et internautes emprisonnés, la fin de la censure des sites d'informations et la fin du brouillage des radios internationales.
La répression continue à Pékin et dans toute la Chine
Le militant Hu Jia est toujours emprisonné à Pékin, accusé d'"incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat". Il est devenu le "prisonnier des Jeux olympiques" tant son arrestation est liée à ses prises de position sur le sujet. Son épouse, la blogueuse Zeng Jinyan, et leur fille, vivent toujours sous surveillance permanente de la police dans la capitale.
D'autres militants sont incarcérés pour avoir demandé plus de libertés avant les JO. Ainsi Yang Chunlin, initiateur de la campagne "Nous voulons les droits de l'homme, pas les JO", a été jugé à Jiamusi (Nord-Est). Il risque une lourde peine de prison. Ses proches ont été menacés de représailles s'ils s'adressaient à la presse internationale. Yu Changwu et Wang Guilin, également impliqués dans la campagne, ont été condamnés en janvier 2008 à des peines de rééducation par le travail.
Le 28 février 2008, Wang Guilan a été arrêtée à Pékin suite à la parution d'une lettre ouverte sur la situation des droits de l'homme, recueillant plus de 12 000 signatures. "Les JO doivent être régis par des règles civilisées et disputés par des gens civilisés. Puisque nous sommes citoyens du pays organisateur, nous espérons jouir des droits de l'homme, au même titre que toute nation civilisée", ont déclaré les signataires de la lettre citée, par l'organisation Chinese Human Rights Defenders.
Dans les prisons, la situation des détenus d'opinion ne s'améliore pas. La famille du cyberdissident Jin Haike, condamné en 2003 à dix de prison pour avoir créé un site Internet, en même temps que Yang Zili, est très préoccupée par son état de santé, après une opération tardive de l'ablation de l'appendice. Il souffre de douleurs abdominales inexpliquées.
Tandis que l'état de l'avocat et écrivain Yang Maodong, plus connu sous le nom de Guo Feixiong, emprisonné à Meizhou (province du Guangdong, Sud), s'est aggravé. Il a été battu par ses codétenus et il mène une grève de la faim pour protester contre sa détention. Sa femme, Zhang Qing, a récemment fait part à Reporters sans frontières des "maltraitances physiques, comprenant le supplice électrique" qui sont infligées à son mari et des "traces des tortures (cinq ou six cicatrices)" qu'il a subies depuis un an et demi, date du début de sa détention. Enfin, l'écrivain Li Hong, incarcéré à Ningbo, est également dans un état de santé préoccupant.
La majorité des prisonniers politiques sont également forcés de travailler pendant leur détention. Ainsi l'écrivain Chen Shuqing, condamné à quatre ans de prison, est contraint de travailler dix heures par jour dans la prison de Qiaosi (Est).
Enfin, l'écrivain tibétaine Tsering Woeser s'est vue interdire de se rendre, ce mois de mars, en Norvège pour recevoir un prix, sous prétexte qu'elle pourrait "mettre en péril la Nation".
La mobilisation internationale
Des personnalités européennes du monde du sport et du spectacle, notamment le footballeur français Vikash Dhorasoo, la skipper Isabelle Autissier, et les actrices Carole Bouquet et Emmnanuelle Béart, ont participé à la campagne de Reporters sans frontières en posant avec le t-shirt des menottes de Pékin 2008.
D'autres sportifs ont exprimé leur malaise face à la situation des droits de l'homme en Chine. Ainsi, le nageur olympique néerlandais van den Hoogenband a encouragé Jacques Rogge à aborder la question des droits de l'homme en Chine pour "éviter que le sport ne soit relégué au deuxième plan".
Des parlementaires européens et américains ont également condamné la répression accrue des autorités chinoises à l'approche des JO, citant le cas de la détention de Hu Jia.
En France, les secrétaires d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade, et aux Sports, Bernard Laporte, ont déclaré que "les JO offrent une occasion unique, un tremplin pour enraciner en Chine plus fortement un Etat de droit et les libertés fondamentales".
Enfin, Reporters sans frontières lance, le 12 mars, la première Journée internationale pour la liberté d'expression sur Internet, sous le patronage de l'Unesco. A cette occasion, les internautes pourront participer à l'opération "24h contre la censure" pour dénoncer les atteintes à la liberté d'expression sur Internet notamment en Chine.