Suite à l'arrestation de cinq journalistes en deux semaines, Reporters sans frontières exprime sa préoccupation : "Certains comportements de la police sont inadmissibles, qu'il s'agisse des passages à tabac comme dans le cas du cameraman de Reuters ou des demandes de sommes exorbitantes qui s'apparentent à du racket."
Suite à l'arrestation de cinq journalistes en deux semaines, Reporters sans frontières exprime sa préoccupation et appelle les autorités irakiennes au discernement.
"Nous sommes très préoccupés par la multiplication des arrestations de journalistes locaux souvent sans preuve ou pour des motifs inconnus, a déclaré l'organisation. Les journalistes irakiens doivent désormais compter avec cette situation nouvelle face à laquelle les rédactions sont souvent impuissantes. Elles sont pourtant en droit de recevoir des explications, tout comme les proches des journalistes détenus".
"Nous appelons les autorités irakiennes à faire preuve de discernement et de modération afin de ne pas procéder à des interpellations hâtives et arbitraires. Certains comportements de la police sont inadmissibles, qu'il s'agisse des passages à tabac comme dans le cas du cameraman de Reuters et deux de ses collaborateurs, ou des demandes de sommes exorbitantes qui s'apparentent à du racket. Nous demandons aux autorités irakiennes de faire cesser ces pratiques indignes et de fournir rapidement des preuves de leurs allégations contre les journalistes détenus ou de les relâcher sans délai", a conclu l'organisation.
Hussein Al Shimari, reporter de la chaîne satellite Al-Diyar a été arrêté le 9 avril 2005, dans la province de Diyala (nord-est de Bagdad). Selon son rédacteur en chef, le journaliste, détenu par les forces militaires irakiennes qui le soupçonnent de collaboration avec les insurgés, aurait été victime de tortures. Il n'a pas eu le droit de contacter sa famille qui est sans nouvelles depuis son arrestation.
Le 12 avril, le maire de la ville de Kawit (sud de l'Irak) a ordonné l'arrestation d'Ayad Al-Tamimi, rédacteur en chef du quotidien Sada Wasit, et du journaliste Ahmed Mutare Abass. Selon Ibrahim Al-Srage, président de l'Association de défense des journalistes irakiens, le maire a demandé un mandat d'arrêt au procureur général de la ville, qui est par ailleurs son cousin et a condamné arbitrairement le premier à deux mois d'emprisonnement et le second à quatre mois pour diffamation. Le journal avait évoqué, dans plusieurs articles, les défaillances de l'administration de la ville et l'insécurité constante.
Le 20 avril, plusieurs agents de police irakiens ont fait irruption au domicile d'Hassan Walid Abdul Wahab, cameraman free-lance âgé de 23 ans, collaborateur régulier de la chaîne allemande Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF). Les agents ont arrêté le journaliste, ses deux frères qui ne travaillent pas pour des médias et son père, ancien opérateur de cinéma à la retraite, âgé d'une cinquantaine d'années, souffrant de problèmes cardiaques et récemment hospitalisé. Selon un proche de la famille, la police a prétexté un lien entre le cameraman et les ravisseurs des journalistes roumains et de leur guide. Le 26 avril, un officier de police a exigé 10 000 dollars américains.
Enfin, depuis le 24 avril, la police de la ville de Mossoul (nord de Bagdad) détient Nabil Hussein, cameraman de l'agence de presse britannique Reuters. Selon Susan Allsopp, porte-parole de l'agence à Londres, jointe au téléphone par Reporters sans frontières, la police n'a mentionné aucune charge. D'après Reuters, le père du cameraman a également été arrêté, alors qu'il tentait de rendre visite à son fils quelques heures après son interpellation. D'autres membres de la famille ont déclaré à Reuters qu'une vingtaine de policiers avaient effectué un raid au domicile de Nabil Hussein dans la matinée, le passant à tabac, ainsi qu'un autre journaliste et leur chauffeur, avant de les emmener au quartier général de la police de Mossoul. Le chauffeur, Ismaïl Ibrahim a déclaré que les policiers leur "ont mis des sacs sur la tête et (les) ont battus". David Schlesinger, directeur international de la rédaction, s'est déclaré extrêmement inquiet au sujet de ces arrestations et a appelé à la libération immédiate de Nabil Hussein et de son père : "Nous sommes soucieux d'établir pourquoi notre cameraman est détenu alors qu'aucune charge n'a été avancée". Le 26 avril, l'agence était toujours dans l'attente de nouvelles.