Chine : le harcèlement des correspondants étrangers devient systématique
Reporters sans frontières (RSF) appelle Pékin à mettre un terme au harcèlement des correspondants étrangers et de leurs sources, alors qu’un rapport pointe l’aggravation du phénomène au cours de l’année écoulée.
Le rapport 2019 du Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC), paru lundi 2 mars 2020, fait état d’une nouvelle aggravation des pressions exercées par les autorités chinoises à l’encontre des journalistes étrangers et de leurs sources.
« L’actuelle épidémie de coronavirus montre que la communauté internationale ne peut pas se passer d’informations fiables et indépendantes, ce qui rend plus que jamais nécessaire le travail de terrain des correspondants de presse, insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui appelle Pékin à « mettre immédiatement un terme à cette politique de harcèlement à la fois inacceptable et dangereuse. »
Le rapport, basé sur les réponses de 114 correspondants étrangers membres du club, indique que 82% des répondants ont subi des violences ou des actes de harcèlement, que 51% d’entre eux ont été victimes d’obstruction de la part de la police ou d’officiels et que 28% ont été placés à un moment ou à un autre sous surveillance physique. Selon le FCCC, le régime harcèle aussi le personnel chinois (d’après 44% des répondants) ainsi que les sources des journalistes (25%).
Le rapport note aussi une recrudescence du chantage au visa : en 2019, une douzaine de reporters ont obtenu des visas d’une durée inhabituellement courte, un nombre record comparé aux années précédentes.
Le 20 février dernier, Pékin a donné une nouvelle illustration de cette politique de chantage en expulsant trois journalistes du quotidien américain Wall Street Journal (WSJ) en raison du titre jugé « raciste » d'un éditorial critiquant la gestion par la Chine de l’épidémie de coronavirus et mettant en doute la stabilité de son économie.
La Chine se situe au 177e rang sur 180 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2019.