"Ce coup d'Etat n'aurait pas été possible sans le soutien des médias", a déclaré Hugo Chávez au cours de son discours devant le Conseil fédéral du gouvernement, chargé de préparer le "dialogue national". Il a notamment mis en cause les chaînes de télévision.
18/04/2002 - Chávez dénonce le "soutien" des médias au coup d'Etat
"Ce coup d'Etat n'aurait pas été possible sans le soutien des médias", a déclaré Hugo Chávez au cours de son discours devant le Conseil fédéral du gouvernement, chargé de préparer le "dialogue national" qu'il a promis. "Si les médias, et en particulier les chaînes de télévision, veulent continuer à encourager cela et que nous le permettons, ils vont nous conduire à la guerre", a-t-il ajouté, haussant le ton pour la première fois depuis son retour à la présidence le 14 avril.
--------------------------------------------------------------------
17/04/2002 - Des enquêtes sur l'attitude des médias
Le gouvernement annonce l'ouverture de deux enquêtes sur l'attitude des médias pendant l'éphémère coup d'Etat. L'une d'entre elle sera conduite par Jesse Chacón, président du Conatel, l'organisme public chargé de l'attribution de concessions aux radios et télévisions. On ignore les sanctions auxquelles pourraient être soumis les médias.
--------------------------------------------------------------------
16/04/2002 - "Nous ne sommes pas des conspirateurs"
Au cours d'une interview diffusée sur Venevisión, Alberto Federico Ravell, directeur de la chaîne Globovisión, et Gustavo Cisneros, président de Organización Diego Cisneros, magnat de la presse et propriétaire de Venevisión, ont tenté de s'expliquer sur le silence observé par leurs chaînes le 13 avril, alors que des partisans de Hugo Chávez étaient descendus dans la rue et qu'une partie de l'armée se rebellait contre le gouvernement de Pedro Carmona. Reconnaissant qu'il y avait eu de fait un "black-out" sur l'information le 13 avril, Alberto Federico Ravell a justifié l'absence de journalistes dans la rue par les agressions dont ils étaient victimes de la part de partisans de Hugo Chávez et rappelé les manifestations qui se sont tenus devant les locaux de plusieurs chaînes de télévision, le 13 avril au soir. "Peut-être le rôle des médias a-t-il été dénaturé par ce qui se passait dans le pays", a résumé M. Ravell qui a dit accepter le dialogue proposé par le Président. Gustavo Cisneros a ajouté que le silence de la télévision était aussi lié à des considérations opérationnelles, telle que l'absence d'images pour illustrer les événements. Les deux hommes ont rejeté les accusations de "conspiration" lancées contre les patrons de presse.
Cesar Gaviria, secrétaire général de l'Organisation des Etats américains dépêché à Caracas pour enquêter sur les causes de la tentative de coup d'Etat, a demandé au Président de "garantir aux journalistes la possibilité de travailler sans crainte". Craignant pour leur sécurité, trois journalistes de Venevisión auraient pris le chemin de l'exil.
--------------------------------------------------------------------
15/04/2002 - Chávez appelle ses partisans à respecter les journalistes
La situation est revenue peu à peu à la normale avec le retour de la presse écrite dans les kiosques et celui de flashs d'information à la télévision, sauf sur les chaînes RCTV et Venevisión. Craignant pour leur sécurité, de nombreux journalistes et cameramen de ces deux chaînes ne se seraient pas présentés à leur lieu de travail. Lors d'une conférence de presse, Hugo Chávez, répondant à la demande d'un cameraman, a appelé ses supporters à mettre fin aux agressions et menaces contre des journalistes. Il a également appelé les médias à reconsidérer leur hostilité à l'égard de son gouvernement. Enfin, le Président, qui qualifiait encore les médias, une semaine plus tôt, de "laboratoire de mensonges pour semer la terreur parmi la population", s'est dit satisfait de la couverture donnée à son retour par la presse écrite ce lundi. Après avoir titré "Un pas en avant" le 13 avril après son départ, le quotidien El Universal offrait lundi en une le titre "Conciliation".
--------------------------------------------------------------------
14/04/2002 - la presse absente des kiosques
Les chaînes de télévision privées n'ont émis aucun bulletin d'information. Seule la chaîne d'information continue Globovisión reprenait les informations diffusées par les agences de presse internationales. Pratiquement aucun quotidien n'est sorti, pour des raisons de sécurité selon les rédactions. Ces dernières avaient néanmoins maintenu leur édition en ligne, en publiant essentiellement des dépêches d'agences. Dès son retour à l'aube, Hugo Chávez a assuré dans un discours qu'il n'y aurait pas de chasse aux sorcières "ni d'atteintes à la liberté d'expression ou d'opinion". Soulignant l'absence d'images des violences perpétrées samedi dans les rues de Caracas sur les principales chaînes de télévisions privées, il a appelé les médias "à revenir sur les chemins de la raison".
--------------------------------------------------------------------
13/04/2002 - "Silence-télé"
En fin d'après-midi, des dizaines de personnes ont manifesté violemment devant le siège de la chaîne de télévision privée Radio Caracas Televisión (RCTV) alors que la capitale était le théâtre d'incidents et que des versions contradictoires circulaient sur le retour à la présidence de Hugo Chávez. Elles ont également jeté des pierres sur la façade, brisant les vitres de la station. Malgré la diffusion par les journalistes de RCTV, très préoccupés par leur sécurité, de messages réclamant l'intervention des autorités, les incidents se sont déroulés sans que les forces de l'ordre ne s'interposent. Les partisans du Président ont également manifesté devant les chaînes Globovisión et Venevisión. Ils ont obtenu de ces dernières et de RCTV qu'elles diffusent les déclarations de leurs leaders. Dans la journée, aucune image des manifestations de rue pro-chavistes et de la prise du palais présidentiel par ces derniers n'avait été montrée sur ces chaînes privées. Seuls les abonnés au câble disposaient d'informations par les chaînes internationales, telle CNN. Les stations vénézuéliennes ont justifié ce mutisme par le "risque" encouru par leurs journalistes lors de tels reportages. Elles ont également expliqué que la diffusion d'images des scènes de pillage à Caracas pouvait encourager le déroulement de scènes similaires en province. Cependant, selon l'AFP, des images diffusées sur les manifestations de la matinée par certaines chaînes après la démission de Pedro Carmona prouvaient que leurs équipes étaient bien sur place. Concernant la presse écrite, les quotidiens El Nacional et El Universal ont dû évacuer leurs bâtiments après le déroulement de manifestations similaires devant leurs locaux. Vers 20 heures, la chaîne publique Venezolana de Televisión a repris ses émissions.
En province, les locaux de la chaîne de télévision régionale TV Guayana, dont le siège se trouve à Puerto Ordaz dans l'Etat de Bolivar (500 kilomètres au sud-est de Caracas), ont été également été encerclés par des partisans de Hugo Chávez qui ont crié des slogans hostiles au médias. D'après M. Natera, propriétaires de la station, ces derniers auraient endommagé du matériel du média ainsi que ses locaux.
--------------------------------------------------------------------
12/04/2002 - Un journaliste a été tué, trois autres ont été blessés et cinq chaînes de télévision brièvement suspendues
Après les événements du 11 avril 2002 au cours desquels un journaliste a été tué et trois autres blessés, Reporters sans frontières demande aux autorités de mener une enquête approfondie sur les tirs dont ont été les victimes les quatre journalistes et de prendre des sanctions contre leurs auteurs. Après la brève suspension des chaînes de télévision privées le 11 avril, il semble que les médias publics, la chaîne Venezolana de Televisión et l'agence Venpres, ont à leur tour dû cesser le travail ce 12 avril. RSF demande aux autorités que ces médias puissent reprendre leurs activités dans les meilleurs délais et de garantir la sécurité des journalistes considérés comme proches de l'ancien Président afin de prévenir tout esprit de revanche.
Selon des informations recueillies par RSF, le photographe Jorge Tortoza, du quotidien Diario 2001, a été tué le 11 avril 2002 alors qu'il couvrait de violents affrontements entre opposants et partisans du président Hugo Chávez dans le centre de Caracas. Selon le chauffeur du journaliste, ce dernier a reçu une balle dans la tête tirée par un individu habillé en civil. Grièvement blessé, Jorge Tortoza, qui travaillait depuis dix-sept ans pour le quotidien, a été conduit à l'hôpital Vargas où il est mort peu après avoir subi une opération chirurgicale. La plus grande confusion régnait alors à Caracas où était déployée la Garde nationale, encore fidèle au chef de l'Etat, et la police municipale, ralliée à l'opposition. Selon l'armée, des partisans en armes du chef de l'Etat avaient également ouvert le feu sur les manifestants.
Trois autres photographes de presse ont été blessés dans les mêmes circonstances. Jonathan Freitas, du quotidien Tal Cual, a été légèrement blessé au bras par un tir. Enrique Hernández, de l'agence publique Venpres, a été touché à la tête par un jet de pierre puis au ventre par une balle ayant préalablement ricoché sur un mur. Le frère de ce dernier, Luis Enrique Hernández, du quotidien Avance, a également été blessé et était toujours hospitalisé ce vendredi.
Par ailleurs, le 11 avril vers 16 heures, les chaînes privées ont vu leurs programmes suspendus. Le Président a justififié cette décision par la "campagne de diffamation" propagée par ces stations qu'il a accusées d'"inciter à la violence" et d'"irresponsabilité". L'ordre de couper le signal hertzien de ces canaux a été donné peu après que ces chaînes, refusant de diffuser exclusivement un discours du Président, procédaient à la retransmission simultanée, en partageant l'écran en deux, d'images de la répression dont faisait l'objet la manifestation de l'opposition. Le président Chávez avait exigé la diffusion de son discours au moment où débutait la répression. Il s'appuyait sur l''article 192 de la Loi organique sur les télécommunications établit le principe de la "cadena", un système qui permet aux autorités de réquisitionner le temps d'antenne de l'ensemble des radios et télévision qui disposent d'une concession de l'Etat. Le gouvernement avait déjà recouru aux "cadenas" à une trentaine de reprises entre lundi et mercredi.
Seule la station publique Venezolana de Televisión a été épargnée par la coupure du signal hertzien. La chaîne d'information continue Globovisión, ainsi que les stations CMT et Televen ont disparu des écrans quelques minutes avant de pouvoir reprendre leur retransmission en utilisant le signal satellite ou le câble. Il semble que les chaînes Venevisión et Radio Caracas TV, disposant dès le départ d'un système de retransmission alternatif, n'ont pas connu d'interruption de leurs programmes. Dans la soirée, les locaux de CMT ont été encerclés quelques heures par des éléments des services de renseignements militaires (Direccion de Inteligencia Militar, DIM).
Le signal hertzien a finalement été rétabli vers 22 heures, après que l'armée se fut ralliée à l'opposition au chef de l'Etat. Au même moment, les locaux de la chaîne publique étaient occupés par des éléments de la Garde nationale, qui protégeaient jusqu'alors ses installations, et ses programmes ont été à leur tour suspendus. L'agence publique Venpres a également cessé son travail d'information et son personnel était réuni dans ses locaux ce vendredi.
Une grève nationale avait débuté le 9 avril 2002 à l'appel la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) et de l'organisation patronale Fedecámaras pour soutenir des cadres de PDVSA, l'entreprise pétrolière publique, renvoyés deux jours plus tôt par le président Chávez. Reconduite pour 24 heures, la grève avait finalement été déclarée illimitée par la CTV et Fedecamaras le 10 avril au soir. Le 11 avril dans la soirée, après les violents affrontements ayant provoqué une dizaine de morts et près d'une centaine de blessés, les membres de l'état-major militaire se sont déclarés en rébellion contre l'autorité du Président. Reclus dans le palais présidentiel, Hugo Chávez a signé sa démission dans la nuit, sous la pression de l'armée. Il a ensuite été conduit au fort de Tiuna, la principale base militaire de Caracas, où il est détenu. Immédiatement après, Pedro Carmona, le président de Fedecámaras, a annoncé qu'il dirigerait un nouveau gouvernement de transition. Il a affirmé que son nom faisait l'objet d'un "consensus" de la société civile vénézuélienne et du commandement des forces armées.