Venezuela : un nouveau rapport de RSF et d'organisations partenaires dénonce la forte répression du journalisme autour de l'élection présidentielle
Face à la répression croissante de la liberté de la presse provoquée par l'élection présidentielle au Venezuela, Reporters sans frontières (RSF) et sept organisations partenaires ont uni leurs forces pour dénoncer les terribles obstacles auxquels la presse vénézuélienne est actuellement confrontée. Leur rapport fait état de plus de 228 violations de la liberté de la presse, et au moins huit journalistes sont toujours emprisonnés arbitrairement. RSF demande au gouvernement vénézuélien de libérer immédiatement les journalistes emprisonnés et appelle la communauté internationale à donner la priorité aux efforts visant à restaurer le journalisme au Venezuela.
Ce 18 novembre, RSF et sept organisations internationales publient un nouveau rapport intitulé Restrictions à la liberté de la presse et asphyxie des médias dans le contexte électoral au Venezuela, lors d'un événement en ligne au cours duquel le rapporteur spécial pour la liberté d'expression de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), Pedro Vaca, s'exprimera sur le sujet.
Le rapport documente les différents types d'attaques contre la presse vénézuélienne qui ont eu lieu entre le 1er juillet et le 28 août, période entourant l'élection présidentielle du 28 juillet. Il présente également des entretiens avec une trentaine de journalistes de médias nationaux, régionaux et étrangers, ainsi qu'avec des membres d'organisations de la société civile vénézuélienne.
Le rapport contient des recommandations concrètes à l'intention du gouvernement vénézuélien et de la communauté internationale pour garantir la liberté de la presse dans ce pays politiquement instable.
“Le rapport publié par RSF et les organisations alliées est un résumé alarmant de ce que nous avons suivi de près ces derniers mois : la presse vénézuélienne est confrontée à des risques constants et vit dans une peur constante. Le gouvernement de Nicolas Maduro a intentionnellement isolé le pays, réduisant au silence les journalistes locaux et expulsant ou restreignant l'accès des professionnels des médias étrangers. Nous demandons la libération immédiate des huit journalistes qui ont été arbitrairement arrêtés alors qu'ils couvraient le processus électoral, et nous appelons la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement vénézuélien pour qu'il garantisse la liberté de la presse et les droits des journalistes.
Voici quelques points clés du rapport :
Des chiffres alarmants
- 228 violations de la liberté de la presse ;
- 62 agressions physiques et verbales contre la presse ;
- 11 journalistes étrangers ont été arbitrairement détenus et expulsés ;
- Au moins 8 journalistes sont toujours emprisonnés arbitrairement ;
- Au moins 29 sites web appartenant à des médias et à des organisations de presse ont été bloqués ;
- 45 cas de discours stigmatisant la presse ;
- 10 médias et agences de presse ont été visés par ces discours.
Recommandations à l'État vénézuélien :
- Libérer immédiatement les huit journalistes encore en prison ;
- Garantir aux journalistes et aux médias un accès immédiat aux résultats détaillés du scrutin du 28 juillet ;
- Cesser d'abuser du système judiciaire pour persécuter et réduire la presse au silence ;
- Cesser d'utiliser des concessions et des mesures administratives pour contrôler les chaînes de télévision et de radios ;
- Cesser d'annuler les passeports des journalistes et des professionnels des médias vénézuéliens sans les avertir à l'avance ni fournir de motifs justifiés ;
- Débloquer les portails, les sites d'information et les plateformes de vérification dont l'accès a été restreint.
Recommandations à la communauté internationale :
- Faciliter un dialogue direct et ouvert avec les organisations internationales et multilatérales opérant à l'intérieur et à l'extérieur du pays afin d'établir des canaux de communication directe dans les situations d'urgence et à haut risque pour les journalistes et les travailleurs des médias ;
- Maintenir une surveillance constante de la situation de la liberté de la presse dans le pays ;
- Renforcer la viabilité financière des médias au Venezuela ;
- Renforcer et plaider en faveur de la création d'alliances médiatiques qui promeuvent le travail journalistique aux niveaux régional, national et international ;
- Faire pression sur les acteurs internationaux de la communication tels que Meta, Google et l'espagnol Telefonica pour qu'ils garantissent la transparence de leurs concessions au gouvernement vénézuélien, telles que le blocage de contenu, l'interception de messages et le partage de métadonnées sur les communications de leurs clients.
Le Venezuela est classé 156e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF.