Côte d’Ivoire : le journaliste français Laurent Despas condamné à une grosse amende pour « divulgation de fausses nouvelles »
Actualisation: Le tribunal correctionnel d’Abidjan a reconnu coupable Laurent Despas, journaliste français, directeur du site d’informations Koaci.com, d’avoir publié en mai 2016 une interview de Michel Gbagbo, dans laquelle le fils de l’ancien président déclarait que « 300 personnes (…) inculpées et placées sous mandat de dépôt depuis 2011 étaient portées disparues » alors que le parquet affirme qu’il n’existe « aucun cas de disparition d’inculpés de la crise postélectorale. Ce dernier a lui-même été condamné pour ses propos à six mois de prison. Laurent Despas a été condamné à une amende de 10 millions de FCFA (15 000 euros) pour « propagation de fausses nouvelles ». Son avocat, Me Dadje a déclaré qu'il allait faire appel de ces condamnations, "qui pourraient constituer un précédent grave en matière de liberté de la presse en Côte d'Ivoire".
Laurent Despas, directeur général du site d’information Koaci, a été arrêté aux côtés de son journaliste Donatien Kautcha dans l’après-midi du 24 mai. Les deux hommes ont passé la nuit dans les locaux de la gendarmerie d’Agban, au centre d’Abidjan, sans accès à un avocat. Si Donatien Kautcha a été libéré dans l’après-midi du 25 mai, Laurent Despas a dû attendre d’être déféré devant le Parquet, où il a été inculpé pour “divulgation de fausses nouvelles” en vertu de l’article 173 du Code pénal.
Selon les informations disponibles, l’arrestation et les poursuites enagagées sont liées à la publication début mai d’un article sur l’existence de prisonniers politiques dans les geôles ivoiriennes, une information issue d’une interview accordée par Michel Gbagbo, fils de l’ancien président Laurent Gbagbo. Michel Gbagbo a d’ailleurs lui aussi eu à faire aux autorités ivoiriennes qui l’ont convoqué à la Direction de la surveillance du territoire (DST) le 25 mai.
“Nous sommes préoccupés par les poursuites engagées contre le représentant d’un média qui a simplement relayé une interview, en donnant de surcroît le point de vue des deux parties, déclare Reporters sans frontières. Nous demandons aux autorités ivoiriennes de respecter le travail de la profession en jugeant l’affaire selon la loi sur la presse et non le Code pénal.”
L’article 173 du Code pénal sur “la publication, la diffusion, la divulgation ou la reproduction de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers” prévoit des peines allant d’un à trois ans d’emprisonnement assortis d’une amende, au contraire de la loi sur la presse qui ne prévoit pas de peines d’emprisonnement pour ce type de délits.
La Côte d’Ivoire est classée 86ème sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse établi par RSF.