Quatre mois après l'assassinat du journaliste de Radio Okapi, Didace Namujimbo, Reporters sans frontières rend public un rapport de mission sur la situation des médias à Bukavu. L'organisation identifie les failles du système judiciaire, décrit l'environnement dans lequel travaillent les journalistes locaux, et demande au gouvernement congolais la mise en place d'une commission judiciaire spéciale.
Le 18 mars 2009, soit près de quatre mois après l'assassinat de Didace Namujimbo à Bukavu, Reporters sans frontières rend public un rapport d'enquête dénonçant les assassinats de journalistes dans la capitale du Sud-Kivu, à l'extrémité orientale de la République démocratique du Congo.
Le 21 novembre 2008, vers 21 h 30, Didace Namujimbo, journaliste au bureau local de Radio Okapi, a été abattu d'une balle dans la tête, tirée à bout portant, à quelques dizaines de mètres de son domicile. Dix-sept mois auparavant, son collègue Serge Maheshe, secrétaire de rédaction, avait été assassiné, en pleine rue, de plusieurs balles dans la poitrine. Avant ces deux journalistes, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2005, Pascal Kabungulu Kibembi, secrétaire exécutif de l'association Héritiers de la justice et vice-président de la Ligue des droits de la personne dans la région des Grands lacs (LGDL), avait été tué par des hommes armés qui venaient de faire irruption dans son domicile.
Le rapport de Reporters sans frontières identifie les failles du système judiciaire congolais. Enquêtes bâclées, droits de la défense bafoués et procès grotesques garantissent l'impunité aux criminels. En outre, ce document montre que Bukavu est devenue en dix ans de guerre une "favela" des Grands Lacs, où circulent librement armes et trafiquants, et où personne, sauf les potentats locaux, n'est en sécurité. Personne, encore moins les journalistes, dont les enquêtes sensibles ou la réussite perçue comme "insolente" attirent les jalousies et les haines.
Au cours de sa mission menée à Kinshasa, Goma et Bukavu, du 16 au 24 décembre 2008, la délégation de Reporters sans frontières a rencontré des responsables de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), les autorités civiles et militaires du Sud-Kivu, le personnel de Radio Okapi à Bukavu, des journalistes locaux ainsi que plusieurs avocats, dont celui de la famille Namujimbo.
En conclusion de son enquête, Reporters sans frontières recommande notamment au gouvernement de la République démocratique du Congo de prendre enfin la mesure de l'échec qu'a constitué le traitement des affaires Kabungulu et Maheshe, et des inquiétudes entourant la manière dont est menée l'enquête sur l'assassinat de Didace Namujimbo. L'organisation demande à l'armée congolaise de se refuser à confisquer les investigations et invite les autorités de Kinshasa à mettre sur pied une commission judiciaire spéciale chargée de faire la lumière sur les assassinats de journalistes et de militants des droits de l'homme à Bukavu.