Bangladesh : RSF salue la déclaration de Muhammad Yunus sur les fausses accusations contre des journalistes et appelle à des mesures urgentes pour la liberté de la presse

Reporters sans frontières (RSF) salue la déclaration du dirigeant du gouvernement d'intérim du BangladeshMuhammad Yunus, reconnaissant que les accusations de “meurtre” envers plus de 140 journalistes avaient été portées de manière “hâtive” et s’appuyaient sur des “lois et pratiques anciennes”. L’organisation l’invite à impulser désormais des réformes structurelles pour que la liberté de la presse soit garantie dans le pays.

C’est une annonce officielle encourageante pour que cesse la spirale de vengeance à laquelle des centaines de journalistes sont confrontés depuis septembre dernier. Interrogé, ce 20 novembre, par le quotidien national Daily Star sur les poursuites judiciaires infondées pour “meurtre” visant plus de 140 journalistes, Muhammad Yunus, à la tête du gouvernement d'intérim du Bangladesh, a reconnu que “cela a été fait à la hâte, en suivant les anciennes lois et pratiques”. Il assure que le gouvernement a “mis fin à de telles actions”, et qu’un “comité examinera si ces affaires sont fondées”, sans qu’il n’y ait encore de calendrier prévu pour ce processus.

Au sujet de l’annulation arbitraire de 167 cartes d’accréditation de journalistes, il a assuré que ces révocations ne les empêcheraient pas de travailler, mais que cela limiterait leur accès au bâtiment officiel du gouvernement.

“Après les déclarations officielles de Mohammad Yunus, RSF invite le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour garantir une protection adéquate des journalistes contre les poursuites abusives. Le droit à un procès équitable doit être respecté, en se conformant au cadre d’un État de droit. Un mécanisme transparent et non partisan pour l’attribution et le retrait des cartes d’accréditation est aussi indispensable. Le moment est crucial, il est nécessaire de mettre fin à la chasse aux sorcières et de s’engager fermement et concrètement pour la liberté de la presse.

Célia Mercier
Responsable du bureau Asie du Sud de RSF

RSF salue également le message adressé aux journalistes par Mohammad Yunus, “nous avons aujourd'hui une occasion importante de dépasser tout ce qui s'est passé dans le passé. Ne refaisons pas les mêmes erreurs. Nous devons reconstruire sur la base de la vérité et des enseignements tirés des erreurs passées. Si nous commettons des erreurs au cours de ce processus, il faut nous les signaler.”

Par ailleurs, lors d’un débat sur le thème “Le rôle des médias dans le massacre de juillet”,  le secrétaire de presse de Mohammad Yunus, Shafiqul Alam, a estimé que les organisations de défense de la liberté de la presse, telle que RSF, “négliger[aient]" la réalité si elles n'examinaient pas en profondeur les pratiques journalistiques du Bangladesh au cours des 15 dernières années. RSF prend note de cette déclaration et rappelle ses demandes au gouvernement, notamment de mettre un terme aux représailles politiques en cours contre des journalistes. 

Dans un contexte de purge politique après la fuite de la Première ministre Sheikh Hasina le 5 août, près de 140 journalistes sont confrontés à des poursuites infondées de meurtre de manifestants et, pour 25 d’entre eux de ”crimes contre l’humanité”. Cinq journalistes sont actuellement détenus pour ce motif, sans aucune enquête préalable.

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